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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 08:17

et j'ai vu certains soirs comment l'Etat transforme nos rues en lieu d'hécatombe, comment on boucle les issues, comment on encercle sur une place les jeunes contestataires tout ébaubis d'eux-mêmes venus faire fête à la liberté, terreur sanglante des commissariats tard la nuit - rafle
et aussi comment les partis extrémistes n'imposent pas leur haine à la foule, combien au contraire c'est la haine mortelle de la foule qu'ils se laissent imposer afin de lui donner un ordre, un sens, une direction
et aussi certains soirs ma propre lâcheté, disant "tout ça je préfère ne plus y penser"
  

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14 juin 2008 6 14 /06 /juin /2008 20:19

 La piste : où elle te mène c'est un espace entre les espaces, un lieu où le rêve et le réel ne sont plus des catégories efficaces, où le moi ne se fonde plus dans la négation du tout autre, où les directions ne comptent pas - c'est autre chose qui se joue. Pas un  "voyage" : une méditation.

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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 17:24

Les messages. Ils ne portent plus. Ils sont dans la nuit comme des trains perdus dans des campagnes en flammes.

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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 14:56

De l’avis de Claudine Haroche, sociologue au CNRS et initiatrice du Colloque « Voir, être vu », « la visibilité est aujourd’hui un thème émergent. Le terme revient aujourd’hui de façon récurrente dans le débat public». Telle est en effet la loi de notre société de la communication : que ce soit une entreprise ou une personnalité, il faut se rendre visible pour exister. L’ensemble des pratiques sociales connaissent à présent les exigences souvent paradoxales de l’hypermédiatisation permanente. TV réalité, psy-show, blogs, web-cam… Chacun, désormais, s’expose à l’infini miroitement du regard public, dans un rapport aux autres qui s’origine avant tout dans la spectacularisation de soi. Une société de l’exhibition permanente est en train de se mettre en place. Etre invisible, aujourd’hui, c’est être insignifiant, voire inexistant.

 

Au XIXe siècle, dans la bonne société occidentale, il était au contraire d’usage de taire l’intime (apparition de la notion de pudeur). Il s’agissait alors d’une réaction de rejet contre le siècle des Lumières, révolutionnaire, et son pathos volontiers affiché. La manifestation publique des larmes, notamment, devient signe de faiblesse, voire de vulgarité. Dans les années 60 se développe le souci de présentation de soi, et les stratégies qui l’accompagnent. Les média, omniprésents, le culte de la mode, les technologies nouvelles, concourent à une production continue et infinie de soi.

 

Cette visibilité aurait en elle-même sa propre valeur : elle ne renvoie pas à ce que l’individu fait, à ses pratiques, ses compétences, ses actes, ses vertus, mais à ce qu’il montre de lui. Cette injonction à la visibilité réduirait ainsi l’individu à ses seules apparences, dans la négation de son for intérieur.

 

Cette exigence de visibilité affecte désormais l’ensemble des interactions sociales : nos modes d’existence, de pensée, de formes de travail, de type de société ; nos façons de nous lier, de percevoir.

 

Autrefois la reconnaissance se traduisait par une certaine visibilité publique. La seconde était la conséquence de la première. Désormais la visibilité vaut reconnaissance. Il y a stricte identité entre les deux termes. Reconnu parce que connu, à l’image des fameux locataires du Loft, dont le seul mérite consistait à apparaître.

 

L’échelle sociale est d’abord et avant tout une échelle de visibilité. Il en a toujours été ainsi. C’est le rôle de l’apparat. Le monarque est regardé par tous – lui ne regarde personne. C’est tout le leurre actuel de l’hypervisibilité du temps médiatique : chacun, selon la célèbre phrase de Warhol, peut devenir ce monarque en visibilité, mais un monarque réduit à son quart d’heure américain. Après, il faut laisser la place. La visibilité médiatique est par conséquent une fausse visibilité, en ce qu’elle substitue au désir d’éternité de la royale présentification l’éphémère, et donc la disparition. Elle défait la promesse sacrée de l’apparat. Au président Sarkozy il a été reproché d’avoir frayé avec l’apparat médiatique, pauvre symboliquement, indigne de sa charge régalienne, en ce qu’il est éphémère, terrestre, sans ouverture aucune à l’invisibilité et à la transcendance qui seules fondent aux yeux du peuple la légitimité du pouvoir. Du coup, chute libre dans les sondages : désacralisée, la visibilité traditionnelle du monarque. La visibilité médiatique s’inscrit en rupture avec la visibilité sacralisée du Pouvoir parce qu’elle se donne, précisément, comme totalité.

 

« L’homme vit dans le monde qu’a construit son regard. Les supports d’identification n’existent plus qu’en vertu de l’image, se débarrassant de leurs repères traditionnels, actes, paroles, intériorité… L’émotion, en laquelle le moi se dilue, remplace désormais le sens. Nous sommes face à une vague promesse de possession intégrale et incestueuse du monde », explique Jacqueline Barus-Michel (Université Paris 7). «Avec l’image nous revivons l’aventure de la parole, de la langue, de l’écriture. Espérons que nous nous en sortirons aussi bien ».

 

La survisibilité ne pose pas de problème en soi (sauf lorsqu’elle est marqueur d’exclusion : étoile jaune). Mais il faut se demander à la place de quoi se donne cette visibilité obsessionnelle. Qu’est-ce qui disparaît lorsque la logique de l’hypervisible s’impose à tous ? Quel est cet invisible qui ne peut plus, dès lors, apparaître ou même se laisser deviner ? Le pouvoir, par exemple, ne se montre que pour mieux cacher ce qu’il fait réellement. Devenu compulsif, le visible se transforme en une catégorie de l’aveuglement.

 
« Cette incitation permanente à se transformer en image pour exister marque le rétrécissement de l’espace intérieur, voire son annulation. C’est une négation de l’intériorité, des dimensions non visible de la personne », constate Claudine Haroche. Certains voient comme raison de l’opacité du monde la division du travail. L’ouvrier devient incapable de se représenter le produit dans son entier. Plus l’appareil se complique, moins on voit. On s’en réfère alors à une représentation, dans une superficialité aliénante. Le monde s’opacifie, tandis que l’individu devient transparent. « L’injonction à la visibilité révèle l’aliénation de soi et met en cause la capacité de réflexion, conduisant à la soumission, à l’effacement de soi ».

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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 16:49

Revenir à soi : quel voyage !
Mais voilà qu'on approche :
la demeure est vide.

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5 juin 2008 4 05 /06 /juin /2008 17:42

L’écriture était belle, élégante, bien que petite, serrée. Une écriture de poète habitué à prendre des notes à la volée sur des supports improbables. Ses bristols frappés de trois lettres mythiques (N.R.F) n’arrivaient jamais, même en cas de refus, sans un mot d’encouragement. Et puis un jour cette voix, au téléphone : impossible d’en saisir un seul mot, j’avais beau tendre l’oreille, il parlait comme on se parle à soi-même. Un murmure, un filet - à défaut d’en comprendre le sens j’en suivais la rythmique. On finirait bien par se retrouver quelque part, Jacques Réda et moi.

 

Ce furent là, grâce au jazzistique poète, alors rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française, mes premières publications réellement littéraires. D’abord un texte d’hommage à Jack Kerouac dans la rubrique « Reconnaissance », fruits de mes tribulations à Lowell, New York et San Francisco - puis mes récits de bourlingues – mes dérives intempestives, mes jetées en dehors de tout repère situable. Lors d’un salon du Livre une publicité pour la NRF parut avec une accroche du style : « Les nouveaux talents Gallimard ». Comme mon nom figurait au sommaire du dernier numéro de la revue et qu’on ne se posa pas plus de question que cela, au service marketing, je fus embarqué dans le lot. Pendant les mois qui suivirent on me vit partout en vitrine sur la PLV Gallimard, en compagnie d’écrivains autrement plus sérieux. Comme dans le jeu du « cherchez l’intrus », le service manuscrit  finit par remettre de l’ordre en éconduisant gentiment, mais avec une constance assez désarmante, toutes mes offres de service ; je fus donc un « nouveau talent Gallimard » sans jamais avoir été édité par la vénérable maison. Mes histoires de routes n’étaient pas de saison.

 

Un beau jour, à l’invitation de Jacques Réda, je pénétrai avec l’égard des dévots dans le saint des saints. 5, rue Sébastien-Bottin. Un nom pour moi à ce point mythique que je croyais qu’il n’existait que dans les livres : Gallimard. Dans le hall grand style, sous le portrait des illustres, je demandai mon chemin à de souriantes bonnes fées qui trônaient derrière une banque d’accueil plus large qu’une piste de bowling. On me dit que le poète m’attendait quelque part dans les étages, dans le petit bureau qu’on lui avait attribué, loin, sous les combles. Il fallait prendre une sorte d’escalier de service qui colimaçonnait interminablement dans les étages ; et plus on s’élevait, plus le bâtiment changeait d’apparence, passant du faste bien ordonné du monde des affaires à un dédale peu clair, embrouillé, avec des pièces qui se mettaient soudain à rétrécir tout en prenant la forme du toit. Du virevoltage plein d’entrain des jolies secrétaires en tailleur on passait à un univers infiniment plus silencieux – odeur de poutres, de vieux papiers, de soleil tapant sur les ardoises. Ici pas d’ambiance « brainstorming », pas de salle de réunion. Mais la présence des poètes à la tâche dans leur chambre de bonne. Montant dans les étages je traversai le siècle. Ici restaient l’âme vive, l’acharnement silencieux et austère, la puissance du rêve, l’exigence de l’esprit. Ici pouvait s’entendre le cri de la plume au travail dans les recoins obscurs. De la lumière à la pénombre ; du livre à l’écriture. J’étais comme l’enfant qui monte au grenier, le cœur battant. Ce monde-là existait donc.

 

« Je vous annonce que j’ai fait valoir mes droits à la retraite », me dit Jacques Réda de sa voix toujours aussi murmurante, mais que la pénombre me rendait plus audible qu'à l'accoutumée. Le poète avait présenté mon recueil de récits et l’avait défendu devant le comité de lecture, on ne l’avait pas écouté, on m’avait pris pour un routard un peu attardé, l’invendable de service, provincial qui plus est, sans carnet d’adresses - le livre ne serait pas publié et il en gardait pour moi une certaine amertume. A quoi sert une revue, si ce n’est pour trouver de nouveaux auteurs, dit-il encore. Dans le bureau d’à côté il me présenta Dominique Aury, depuis 1954 secrétaire de rédaction de la NRF – et auteur d’Histoire d’O, le monument de la littérature érotique, lettre d’amour à Jean Paulhan. Bonjour madame.

 

Mes textes resteraient donc furieusement inédits chez Gallimard. Je repris mon escalier en colimaçon. En bas cette rumeur studieuse, radieuse, cette usine à succès où s’inventent gloire, fortune et renommée. Un dernier coup d’œil vers l'obscurité des étages, heureux quand même, porté par cette unique certitude : sous les toits de Paris veillent les poètes.

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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 18:34

Première rencontre avec mon éditrice à bord de La Boudeuse, un superbe trois-mâts taillé pour les escapades transocéaniques. L'occasion : la sortie en poche du livre L'Esprit d'aventure.

Du pinard au tonneau, des écrivains, des journalistes, ciel bas chargé d'embruns - nous sommes à Paris, à quai, face à la Bibliothèque nationale. Vais-je finir par embarquer vraiment dans cette vie d'écrivain que je mène depuis si longtemps comme un marin à terre ?




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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 10:00

L’autre littérature. L’expression m’est venue en lisant Antoine Volodine, que je ne découvre vraiment qu’en ce moment, après raid massif sur les librairies. Pas une avant-garde, dit-il, une « xénolittérature », « une littérature étrangère ». Une écriture de combat. Echapper à l’ennemi c’est subvertir le réel, qu’il entend comme dispositif carcéral, empêchement de toute dissidence. Pour ce faire il met en œuvre un bataillon d’hétéronymes, à la Pessoa, invente son propre appareil critique (à l’aide de concept comme « apnée narrative », « surnarrateur »…) et nomme son mouvement solitaire et peuplé : Post-exotisme. Non pas seulement échapper aux écritures officielles, mais sortir de l’ennui mortifère des lectures officielles – de l’œil convenu au regard mort que l’ère du vide divertissant a placardé sur les faces.

L’œuvre de Volodine, c’est la toute première expression, ni collaborationniste ni repentante, de l’ère post-utopique. Le monde littéraire est un quartier de haute sécurité. L’espoir, dans tout ce noir, ce n’est plus ce que dit la voix – mais le simple fait qu’une telle voix y persiste. Parole carcérale, incarcérée, décarcérée par son être même, paroles d’entre murs, de cellule à cellule. Tintamarre de gamelles contre les barreaux – comme une rumeur pré-insurrectionnelle qui enfle.

 

 

A lire : Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze, d’Antoine Volodine (Gallimard, 2008).

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 16:39
J'entends encore le rire de cet auteur à propos de l'insuccès de ses premiers romans, expliquant : "A l'époque ce que je faisais était trop signifiant". Devenu insignifiant le voilà aujourd'hui enrichi - et bien gras.
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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 20:16

En prolongement aux interrogations qui ont été les miennes pour mon bouquin Le Regard échangé, j'assiste en ce moment à un intéressant colloque sur "l'injonction à la visibilité dans les sociétés contemporaines". En marge de mes notes du matin cette réflexion perso : "L'échelle sociale est une échelle de visibilité. Il en a toujours été ainsi. C'est par exemple le rôle de l'apparât. Le monarque est regardé par tous, quand lui ne regarde personne. Il y a un leurre dans l'hypervisibilité médiatique actuelle : chacun, selon Warhol, peut devenir certes ce monarque en visibilité, mais un monarque réduit à son quart d'heure américain. Après, il faut qu'il laisse la place. La visibilité médiatique défait la promesse sacrée de l'apparât, car elle substitue au désir d'éternité l'éphémère - et donc la disparition. A Sarko le monarque il est reproché de frayer avec l'apparât médiatique parce que ce dernier est pauvre symboliquement, indigne de sa charge, inapte à sanctuariser le Pouvoir dans sa promesse d'éternité. La visibilité médiatique s'inscrit en rupture avec la visibilité sacrée du Pouvoir. Le peuple ne s'y trompe pas ; et sanctionne aussitôt le monarque d'avoir ainsi désacralisé la visibilité du Pouvoir".
  

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