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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 10:00

L’autre littérature. L’expression m’est venue en lisant Antoine Volodine, que je ne découvre vraiment qu’en ce moment, après raid massif sur les librairies. Pas une avant-garde, dit-il, une « xénolittérature », « une littérature étrangère ». Une écriture de combat. Echapper à l’ennemi c’est subvertir le réel, qu’il entend comme dispositif carcéral, empêchement de toute dissidence. Pour ce faire il met en œuvre un bataillon d’hétéronymes, à la Pessoa, invente son propre appareil critique (à l’aide de concept comme « apnée narrative », « surnarrateur »…) et nomme son mouvement solitaire et peuplé : Post-exotisme. Non pas seulement échapper aux écritures officielles, mais sortir de l’ennui mortifère des lectures officielles – de l’œil convenu au regard mort que l’ère du vide divertissant a placardé sur les faces.

L’œuvre de Volodine, c’est la toute première expression, ni collaborationniste ni repentante, de l’ère post-utopique. Le monde littéraire est un quartier de haute sécurité. L’espoir, dans tout ce noir, ce n’est plus ce que dit la voix – mais le simple fait qu’une telle voix y persiste. Parole carcérale, incarcérée, décarcérée par son être même, paroles d’entre murs, de cellule à cellule. Tintamarre de gamelles contre les barreaux – comme une rumeur pré-insurrectionnelle qui enfle.

 

 

A lire : Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze, d’Antoine Volodine (Gallimard, 2008).

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commentaires

G
On est donc d'accord :)
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S
Ni l'un, ni l'autre. Si on le peut, on se doit d'être sans cesse en éveil pour ne pas gâcher les émotions qui nous viennent du réel nirvana. Les substitutions qui nous cachent le côté sombre du quotidien, deviennent des poisons pour nos esprits. Pour affronter la réalité de la vie il nous faut un esprit libre et sans chaîne.
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G
Divagations de divan ou bien prose d'après boire, Sal ?
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S
Gérard: Peu de phrases sont en rapport direct avec le texte de Volodine. Nul possession, juste un entrainement mutuel.
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G
@Sal : c'est le point de vue de l'auteur qui est ici développé, pas le mien. Se laisser posséder par la logique de l'autre. Vous devriez parfois vous y entraîner !
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