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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 15:49

 

Où est Dylan ? Encore une fois, c'est l'incertitude : le prix Nobel de littérature 2016 n'a pas manifesté la moindre émotion depuis l'annonce de son élection. Il faut dire qu'un prix n'est jamais qu'un prix ; qu'il appartient à la douce contingence des hommes. 

Mais sûr, Dylan Nobel ça en fait râler plus d'un. "Pas de la littérature", s'étrangle le choeur réactionnaire de la petite papauté culturelle parisienne. 

Pourtant du mot "littérature" personne ne connaît l'origine. Voilà bien un objet que seuls les idiots s'ingénient à enfermer dans une définition. 

Bob Dylan est sur la liste des "nobélisables" depuis 1996. Son oeuvre de troubadour, immense, funambulesque, est prodigieusement vaste. Il fut adoubé en son temps par Allen Ginsberg en personne comme le digne descendant de la tribu Beat.

Mais certains prétendront sans doute que Ginsberg n'appartient pas non plus à la littérature. Moi je me dis simplement que tant qu'elle peut encore nous surprendre, la littérature, c'est qu'elle est bien vivante. 

Thanks for all, Bob.   

 

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 09:55

La Gloire, Bob
Un goéland épuisé
Tournoyant
Au-dessus d'un océan de pétrole
En flamme.
Nulle part
Où se poser.

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18 janvier 2014 6 18 /01 /janvier /2014 11:47

 

 

Le réel intérêt du dernier film des frères Coen, Inside Llewyn Davis, a été sans conteste de servir de bande-annonce à la parution en France du livre Manhattan Folk Story, de Dave Van Ronk, censé avoir inspiré le personnage principal.

Van Ronk, disparu en 2002, avant que ne soit achevée la rédaction de son livre, est pourtant très loin d’avoir été le beautiful looser du film. Surnommé « Le Maire de McDougal Street », il fut la figure emblématique de Greenwich Village et de la renaissance folk du début des années 60. Il reste aujourd’hui le personnage le plus représentatif de l’esprit Village, et de loin l’un de ses fantômes les plus attachants.

Quand démarra La Grande Panique Folk qui devait voir émerger, à la suite des Woody Guthrie, des Leadbelly et des Pete Seeger, des Freid Neil et des Ramblin’Jack Elliott, tout un cortège de jeunes gens (Karen Dalton, Joan Baez, Bob Dylan, Joni Mitchell, Tom Paxton, Phil Ochs, Leonard Cohen, Simon & Garkunkel…), cela fait déjà un moment que Dave Van Ronk traîne ses guêtres dans les parages. Colosse venu du jazz classique Nouvelle-Orléans (et non du be-bop comme les beatniks du Village), Van Ronk mêle à son répertoire du blues et des chansons traditionnelles du folklore américain. Farouchement contestataire, il sépare pourtant politique et musique. Il ne se veut rien d’autre qu’un musicien cherchant à gagner sa vie. Et se contente d’affûter son répertoire sur toutes les scènes de McDougal et Bleeker Street. Ratant de peu une solide carrière de marin dans la marine marchande, il se résigne à la terre ferme pour ancrer définitivement son existence à Manhattan, au sud de la 14e.

Le Village est à l’époque un quartier d’immigration, principalement juive et italienne, où l’humour des uns se mélange à la mafia des autres, et où le prix des loyers finit par attirer la bohème naissante. Jazz et poésie. Avec pour épicentre Washington Square et ses fameux dimanches après-midi où tout le monde vient jouer librement et où les spectateurs se montrent plutôt indulgents. Le pays est jeune, la période Eisenhower s’achève, l’ère du confort ménager et du divertissement gaga s’installe. Idéal pour aller taquiner les marges et agrandir son sens de l’humain. Le folk qu’on avait toujours connu devient la musique du moment : musique simple, traditionnelle, dont nombre de jeunes issus de l’immigration s’emparent aisément. Il n’y a que pour le Village Voice qu’il ne se passe rien. Les scènes ouvertes (les fameuses soirées hoots) accueillent les nouveaux talents. La gare de Grand Central et le terminus des Greyhounds sur la 42e déversent quotidiennement leur contingent de folkeux venus tenter leur chance, tandis qu’au Village le moindre recoin de pissotière finit en estrade pour les y accueillir. Phénomène identique à Boston, Chicago, L.A, San Francisco.

Lorsqu’à la fin des années 50 le festival de Newport se mit à accueillir des musiciens mythiques que chacun croyait morts depuis lurette, quelque chose d’extraordinaire se passa. Une torche passait de génération en génération : une histoire en train de se construire, par filiation, reconnaissance et continuité. Un moment de pure euphorie.

Ici Noir, Blanc, Homo, Hétéro, pas de problème. Et si tu n’as nulle part où aller, il y a toujours quelqu’un pour t’offrir l’hospitalité d’un vieux sofa défoncé ou d’un matelas à même le sol. Tom Paxton en arrivant à New York dormait sur le billard du café où il jouait le soir !  

Le climat racial et belliqueux attisait les braises de la contestation, d’autant que la vieille habitude de la chasse aux sorcières était encore bien vivace. Lutte pour les droits civiques des noirs, pacifisme contre la guerre du Vietnam… Le Village fut de toutes les contestations.

Vint Dylan : on aurait dit « un fugitif sorti d’un champ de maïs », note Van Ronk qui le prend immédiatement sous son aile.

Mais la vague folk s’essouffla et les loyers du vieux quartier bohème se mirent à flamber. Les cafés firent payer l’entrée pour assister au concert et l’esprit Village commença à disparaître. Les banques, marchands de fringues et autres chaînes de restauration envahirent le quartier. Mais quelque chose demeure, comme un sourire en coin.

Manhattan Folk Story est à ranger à côté du Chroniques de Bob Dylan (Fayard, 2005) et du Temps des Possibles de Suze Rotolo (Naïve, 2009), sur l’étagère des chef-d’œuvres de la littérature dont les auteurs sont d’abord des musiciens, inaugurée par Mezz Mezzrow en 1955 avec La Rage de vivre.

 

 

Gérard Larnac

 

 

Manhattan Folk City, de Dave Van Ronk (Robert Laffont, 2013).

 

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 16:40

Bordeaux, 29 juin - Plus de 30° dans les rues, mais si la Patinoire Mériadeck a fondu c'est bien grâce à Dylan. L'attente du maestro meublée par une longue lecture d'On the Road de Jack Kerouac - sur fond de Barbara Streisand et quelques vieux blues du delta. Bob en scène à la faveur du noir, comme toujours. Mais un Bob en grande forme, avec sa voix d'outre-tombe et son accoutrement de dompteur de puces pour cirque burlesque (quel costard, mes aïeux!), souriant (éclatant même de rire sur "rollin' stone"). Son dernier Oscar bien en évidence sur l'ampli, faisant face à son public (pas comme à Paris l'an passé où il nous a tourné le dos quasiment tout le temps, la faute à Sarkozy et au Premier mannequin nu de France qui occupaient le premier rang, misère...).

 

Retour de Charlie Sexton à la guitare solo - un vrai "guitar heros" dont le physique n'est pas sans rappeler Robbie Robertson jeune - du coup gros son, virtuosité. C'est le rock band le plus tonitruant de Dylan depuis longtemps. Public tous âges, conquis, déchaîné. Trois morceaux à la guitare, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Et Dylan de face, impérial et distant face à son répertoire, déclenchant l'ouragan en grand maître des foudres.

 

 

Set List : (merci au site Expecting Rain)

 

1. Leopard-Skin Pill-Box Hat
2. This Wheel's On Fire (Bob on harp)
3. Just Like Tom Thumb's Blues (Bob on guitar)
4. Just Like A Woman
5. Beyond Here Lies Nothin'
6. Simple Twist Of Fate (Bob on guitar)
7. Things Have Changed (Bob on guitar then keyboard)
8. Po' Boy (Bob on harp)
9. Honest With Me
10. Masters Of War
11. Highway 61 Revisited
12. Ain't Talkin'
13. Thunder On The Mountain
14. Ballad Of A Thin Man
   
 

(rappels)

 

15. Like A Rolling Stone
16. Jolene
17. All Along The Watchtower
 
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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 10:24

Les livres écrits par amitié et reconnaissance ne sont peut-être pas les meilleurs, mais ils portent tout au fond, dans le recoin sombre, une intensité sacrée qui n'appartient qu'à eux.

 

(Concert de Bordeaux, c'est mardi !)

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 13:35
DSC08853.JPGFinissant ce livre sur Bob Dylan, suite 822, Chelsea Hotel. Ecoutant Clarence Spady au Terra Blues sur Bleecker refaire Hendrix. Laissant ce monde aller à sa guise.
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 19:37
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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 08:10

Are you a mystical person?

Absolutely.

Any thoughts about why?

I think it’s the land. The streams, the forests, the vast emptiness. The land created me. I’m wild and lonesome. Even as I travel the cities, I‘m more at home in the vacant lots. But I have a love for humankind, a love of truth, and a love of justice. I think I have a dualistic nature. I’m more of an adventurous type than a relationship type.

 

 

The Wicked Messenger,  Lay, Lady, Lay,  Things Have Changed, When The Deal Goes Down, 'Til I Fell In Love With You, Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again, Sugar Baby, It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding), The Lonesome Death Of Hattie Carroll, Tweedle Dee & Tweedle Dum, Beyond The Horizon, Highway 61 Revisited, The Times We've Known, Thunder On The Mountain, Like A Rolling Stone. Plus les trois rappels habituels : All Along The Watchtower, Spirit On The Water, Blowin' In The Wind.

 

Hier soir. Bob est à Paris, nuit sur les Champs-Elysées. Deux concerts en un. Un Dylan à côté d’un autre. D’abord Bernardo et ses Porte-Flingues – Bob dans le look étriqué du serviteur muet de Don Diego dans Zorro, flanqué de sa brochette de guitaristes (Stu Kimball et Denny Freeman) aussi aimables à voir que le gang d’Al Capone un soir de Saint-Valentin. Une rythmique surpuissante, Bob derrière son orgue inaudible (c’est mieux ainsi), à tortiller ses jambes maigrelettes comme un Elvis arthritique et osseux, plus tic nerveux que déhanché sexy. Solo de guitares bridés, égrainés note à note, anémiques, édulcorés de toute envolée. Un show pour casino de Las Vegas ou pour thé dansant pour maison de retraite, avec chanson d’Aznavour en prime. Heureusement que le sympathique Tony Garnier, à la basse, est là pour tirer un regard de Bob ; lui au moins à l’air d’être à la fête, il ne boude pas son plaisir.

 

L’autre concert, c’est ça : cette dévoration des instruments par la voix, cette mise en charpie des tubes planétaires-millénaires, cette revisitation distante, quand on ne sait jamais à quel moment précis Bob va entrer dans sa chanson pour le retourner comme un gan, la faire repartir dans une direction totalement imprévue – bien que le Never Ending Tour soit désormais rôdé depuis une bonne vingtaine d’années. Cette voix d’outre-tombe : elle contrôle tout, elle fait comme un vide dans la matière vivante des hymnes dylaniens, elle les absorbe comme un trou noir, elle nous manque déjà, elle se consume devant nous comme quelque chose de disparu déjà – une persistance rétinienne, un halo, un fantôme. Instants sublimes, flottement philosophique du temps et des présences.

 

Sur la vieille route sans fin plus de cent concerts par an Dallas Mexico Monterrey Guadalajara Sao Paulo Rio Santiago Cordoba Buenos Aires Halifax Reykjavik Helsinki Saint-Pétersbourg Vilnius Varsovie Viennes Salzbourg Trente Bergamme Grenoble Toulouse Saragosse Pamplune Philadelphie Pittsburg Baltimore Brooklyn Atlantic City Cincinatti Little Rock Tulsa Kansas City Las Vegas San Diego Palo Alto Victoria Vancouver Calgary Winnipeg Minneapolis Milwaukee Kalamazoo Montreal New York Stockholm Oslo Jönköping Malmö Copenhague Hanovre Berlin Erfurt Munich Saarbrück Paris Amsterdam Basel Milan Rome Florence Genève Strasbourg Bruxelles Sheffield Londres Cardiff Birmingham Liverpool Glasgow Edinbourg Dublin Rothbury (Michigan) ce show sans fin comme un vieux papier journal au vent de Bleecker Street

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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 17:34

C'est un des événements littéraires majeurs de la décennie : la parution chez Fayard de "Lyrics-chansons 1962-2001" de Bob Dylan. Une somme d'un des plus considérables poètes du siècle, que l'on ne découvrira que bien tard, faute de disposer de critiques littéraires sachant lire. Tout y est. Cette belle édition bilingue permet d'entrer de plain-pied dans l'univers étrange de Bob, entre relecture de la geste du Far-west, mythe de la route, surréalisme. 460 pages pour avoir un aperçu correct de ce que l'oeuvre de Dylan représente aujourd'hui (on parle de lui pour un Nobel de Littérature). Rappel : Bob sera à Paris le 8 avril prochain, Palais des Congrès.

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 10:28

L’autre jour dans New York splendide et glacial sous les arbres déplumés de Central Park le long de Park Avenue écoutant Bob dans l’Ipod – « Across the green Mountains », voyage radical - cette évidence qui ne m’était encore jamais apparue aussi clairement ; la voix de Bob a toujours été très en avance sur lui – à vingt ans au Gerde’s au Wha ! il chantait comme un vieux trimardeur qui a roulé sa bosse – désormais comme un fantôme revenu de la tombe. Il s’est inventé le phrasé le plus neutre possible pour se laisser travailler par le Temps. Du coup ce qui s’entend n’est pas la voix d’un homme.

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