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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 12:12

Et si on arrêtait un peu avec toutes ces phrases qui commencent invariablement par : « La Littérature, c’est… ».  Soyons francs. Toutes ces définitions aussi péremptoires qu’appauvries ne visent en général qu'à prendre droit de propriété sur cette toute petite part de littérature dont on possède à peu près la maîtrise, qui sert nos intérêts particuliers, ou encore qu’un pur hasard a placé sur notre chemin. La Littérature, ce sont d’abord Les littératures : écrites, orales, venues de partout… Et non, justement, on ne sait pas ce que c’est.  On fait littérature de cela ; de ne pas savoir de quoi l’on parle. Alors on écrit le livre. Après, on n’en sait pas plus. Du moins a-t-on arpenté, un peu, la vieille route.  

Serait donc littéraire ce qui, a priori, échappe à toute tentative de classification, de définition. De mise aux normes (L’art est énorme !). Et si c’était dans la diversité qu’existait la littérature, précisément, dans l’archipel de son impossible totalisation, dans le compte impossible de sa somme jamais ronde ? Les écritures s’ajoutent les unes aux autres plus qu’elles ne se contredisent. Elles se créolisent parfois, mais ne s’opposent pas plus qu’une pierre ne contredit une autre pierre.

Lorsqu’elle est sincère, puissante, la langue n’a pas besoin de s’opposer pour se poser. Elle va son propre chemin, à la découverte de cette radicale singularité qui est la sienne, qu’elle ne postule pas et se contente d’expérimenter lorsque par bonheur il lui arrive de prendre forme.


Ce que c’est, la Littérature ? Cette liberté peut-être de tenir ouvert pareil questionnement.

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 08:42

"La médiocrité de notre univers ne dépend-elle pas essentiellement
de notre pouvoir d'énonciation ?"

- André Breton -


"Si la servitude est contagieuse, la liberté l'est plus encore."
- Annie Le Brun -

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 18:05

Bourrasques, pluie froide sur les berges de la Seine ce matin. Invité à visiter le Camion des Mots, une belle opération ludique et pédagogique pour sensibiliser les enfants de 8 à 15 ans aux joies du mot juste. 40 000 élèves par saison, 1  500 enseignants, 120 villes. Alexandre Jardin, avec sa verve coutumière : "Les enfants ont une chance formidable, ils arrivent dans un monde complètement dévasté qu'il leur faudra totalement réinventer. Eh bien pour cela il faut les nourrir de mots..." Cependant pas un livre dans le Camion des Mots : des écrans d'ordinateur... On aurait aimé un livre ou deux, juste pour la chaleureuse présence de pages à tourner au rythme lent de l'imaginaire et de la rêverie... Ou bien la pédagogie ne supporte-t-elle plus ces vieux trucs que sont les livres ? Pas assez "ludique", le livre ? Et les mots : forcément utilitaires ?



http://www.camiondesmots.com/

http://www.lireetfairelire.org/LFL/
 

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 12:24

 La haine en littérature est un sujet édifiant et passablement croquignolet. « Une histoire des haines d’écrivains », d’Anne Boquet et Etienne Kern (Flammarion) vient de prendre nos grands hommes de lettres en flagrant délit de haines bien ordonnées. Tous ces petits emportements mesquins où perce une jalousie féroce de bêtes de concours… Pour Lamartine, Chateaubriand n’est qu’un « matamore de tragédie ». Le même est tenu par Léon Bloy pour un « incomestible pourceau ». Baudelaire traite pour sa part George Sand de « latrine » et considère qu’elle est « bête, lourde, bavarde ». Flaubert voit en Musset « un esprit eunuque » : « La couille lui manque, affirme-t-il, il n’a jamais pissé que de l’eau claire ». Zola ? « Un ressemeleur en littérature » (Edmond de Goncourt). Mais il arrive même que les augustes écrivains en viennent aux mains : Charles Cros casse la gueule à Anatole France, Verlaine frappe « ce cochon » de Daudet. Quant à notre immense Victor Hugo, le voici qui provoque Sainte-Beuve en duel (Il a d’ailleurs pour habitude de l’appeler « Sainte-Bave »)…

 

C’est bien simple, on croirait lire les commentaires sur les sites littéraires en vue (ne pas manquer les interventions régulières de ce neuneu de Stalker chez Léo Scheer, un modèle du genre) : rosses, péremptoires, aigres, gratuits, dispensant avec une suffisance qui confine au comique leur canon personnel en matière de livres (du style : « La Littérature, c’est… »). Est-il besoin d’un tel fiel pour le simple plaisir de s’entendre dire « moi, je » ? Il faut croire que oui. La transcendance d’une terrible exigence qui ne conduirait qu’à Soi, à la figure de Soi, indépassable, finale, vengeresse, convergence absolue et aboutissement de toute chose en ce monde.

 

« La haine fait partie intégrante de la condition d’homme de lettres… Ceux-ci se construisent les uns contre les autres », affirment les deux auteurs de « Une histoire des haines d’écrivains ». La haine, moteur littéraire ? Rien ne sauverait donc de la médiocrité propre à l’espèce humaine ? Le bruit, la noise, l’emporteraient donc toujours sur l’art ?

 

J’ai toujours pensé que ce qui contredisait un écrivain, ce n’était pas un autre écrivain, mais tout ce que l’on invente pour empêcher d’écrire ou de lire ou de comprendre. Le contraire d’un livre n’est pas un autre livre, c’est l’autodafé. C’est la censure. La mise à l’index (comme à la bibliothèque municipale de Vitrolles, sous l’ubuesque couple Mégret, il n’y a pas si longtemps). La fatwa. L’analphabétisation lorsqu’elle est entretenue.

 

Nul écrivain, s’il n’est pas libre, libre de soi, c’est-à-dire de ses propres haines, de ses propres limites, ne peut mériter le nom d’artiste. Un bonimenteur, à la rigueur, un bateleur de foire ; mais pas un artiste. On n’est pas obligé, après tout, de pondre de la feuille. De quoi a donc besoin la culture pour se faire conscience, pour se faire chemin pour l’esprit ? Il nous manque un maillon. Il convient sans doute de le chercher, ce chaînon manquant, au lieu de nous satisfaire de nos haines recuites, de nos pauvres vociférations dans le vide. Sinon, en  effet, il ne nous reste plus qu’à fermer les livres. Et nous abstenir d’en écrire de nouveaux.

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1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 12:09

En ce 1er janvier 2009, il existe 350 millions d'indigènes persécutés ou dont l'existence est directement menacée par l'avidité occidentale. 70 groupes au moins n'auraient jamais été "contactés". Mes pensées ce matin vont à ces "hommes de l'écart".


Aider, s'informer :
http://www.survival-international.org/

Un film : La Terre des Hommes rouges
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2008/12/16/la-terre-des-hommes-rouges-la-revolte-des-indiens-kaiowa_1131769_3476.html

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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 10:09

La rentrée littéraire de janvier est propice aux auteurs étrangers confirmés, ainsi qu'aux écrivains français qui tracent leurs routes à l'écart du battage médiatique. Avec 558 romans, la cuvée "hiver 2009" sera copieuse : on annonce une percée du roman hispanique (avec Roberto Bolano notamment), mais aussi Paul Auster et Jonathan Coe. On sort un peu, depuis quelques années, du cadre étroit des lettres françaises pour accueillir de plus en plus de traductions. Et c'est heureux. Côté écrivains français Maurice Dantec, Phillippe Djian, Bayon, Jean Rolin, Chloé Delaume... Une production éditoriale en baisse, avec une diminution assez sensible des premiers romans. Ils ne seront que 61 à batailler pour : une place en vitrine/ un entrefilet/ un buzz favorable/une télé chez Ruquiert/la reconnaissance de leur maman et de leur boulangère. Le rêve de découvrir les "nouveaux auteurs de demain" est-il en train de se tarir ? Ou bien passe-t-on à plus de raison ; la sensiblerie "premier roman" ne signifiant au fond pas grand chose. Un roman vous enlève ou pas, vous ravit ou pas. L'étonnement, au sens fort de tonnerrre, doit être au rendez-vous. Sinon, franchement, pourquoi tout ce blabla. 

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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 14:26

Quel échec que le web de création littéraire ! Surtout comparé aux sites d'information littéraire, ces passeurs admirables. Pauvres collections de manuscrits un peu tocards publiés "live", sans aucun tri, quand ce n'est pas carrément commercialisés, comme si le manuscrit n'était pas au contraire ce long cours du texte intime, cette germination lente et secrète qui ne doit précisément éclore au public qu'entouré des mille soins d'un éditeur attentif, fruit d'un long tête à tête raisonné entre l'exprimable et le recevable... Comment sauront-ils, ces auteurs trop tôt venus, le prix de l'attente, du long hiver artiste, des tempêtes intérieures - le vrai de vrai  désir de parler à sa tribu, cette force qui pousse à l'inventer de rien, cette tribu, si besoin est ? Que sont donc ces textes d'office présentés-vendus à d'éventuels lecteurs, sinon impudeur abjecte, crasse vulgarité ? On pose à l'auteur, on pose à l'écrivain. Mais où a-t-on vu que pour écrire il suffisait d'écrire ?

Et le livre numérique ? La nouvelle vague des e-book propose une capacité de stockage mémoire équivalente à 160 ouvrages. Très bien. Formidable. Mais pour quelle raison emporterais-je 160 bouquins, ça, je vous le demande un peu ? Une Pléiade suffira toujours amplement à remplir mes congès payés sur mon île déserte, et sinon ma bibliothèque, plus proche des 6000 livres, a tout pour combler mes fringales ; à quoi bon alors un objet, moderne, ô moderne, mais dont le temps d'usage n'existe pas ? Ce positivisme hystérisé de bobos ignares et de techno-réac commence à me taper sur le système; ainsi il faudrait tout avaler, au prétexte que c'est là... Non messieurs, remballez vos PLV vos pubs et vos notices, ne gadgétisez pas un peu plus la littérature, pour ça on a déjà Angot.

Parfois je me surprends encore à parcourir ces sites réputés en pointe en matière de textes numériques, d'expérimentations web. "Précurseurs", comme ils se nomment eux-mêmes sans rire - car l'humour manque, considérablement, dans ce petit réseau des "geeks" littéraires, un rien dadais, vétilleux, consanguins et abominablement conformistes. So what ? Que disent-ils de plus d'un texte qu'un Butor qu'un Perec qu'un Breton n'aient pas déjà dit ?

Franchement ? Rien.   

Le web est un atelier. Un ban d'essai. Un lieu modeste où il fait sombre encore. On esquisse, on tente, on expérimente. C'est un honnête moteur à textes. On s'exerce, on s'astreint. Une bonne école pour des scripteurs peu sérieux comme moi. Un stimulant. Mais rien de plus; ce serait, sinon, confondre l'amour avec le viagra.

 

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 14:32

Rien d'autre. La joie. Sans mélange. Il n'y a pas d'homme providentiel. Mais il existe un pays assez libre pour passer du putch bushiste au vote Obama.

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 21:14

Surmonter la littérature moderne sans rien en renier (Joyce, Musil, Proust, Faulkner), dépasser la phénoménologie et le solipsisme en philosophie, en finir une fois pour toute avec l'ethnocentrisme en politique. Voilà l'urgence.

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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 10:44


Rencontré ce week-end deux musiciens, Martin (Violoncelle) et Kimberlee (Violon) McCarricks. Stupéfiantes leurs compositions : tout le baroque, la luxuriance désanchantée des mondes urbains frappés-hantés par le spectre du 11 septembre. Une justesse dans le dark ; une élégance absolue. Une musique pour les temps qui s'annoncent.

http://www.myspace.com/themccarricksmusic

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