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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 11:00

Le concept d’ethnocentrisme vient de l’anthropologie. Il désigne l’incapacité de voir dans le monde et sa diversité autre chose que des archétypes conformes à nos coutumes, nos habitudes et nos intérêts. C’est une pensée racialiste qui privilégie le rejet a priori de tout ce qui ne relève pas de sa propre culture. Depuis toujours, la moindre tribu s’est toujours désignée elle-même comme « l’Assemblée des Vrais Hommes », déniant à tout autre son caractère d’êtres humains ; c’est donc là une tentation naturelle contre laquelle il faut lutter. Depuis que sont apparues les certitudes confortables du consumérisme occidental, depuis surtout les thèses de « fin de l’Histoire » (Fukuyama, 1989) et du « choc de civilisation » (Huntington, 2001), l’ethnocentrisme est de retour. Il marque l’inaptitude à comprendre l’autre depuis les logiques qui sont les siennes, en ne considérant les cultures étrangères que comme des stades plus ou moins avancés de la nôtre. L’autre n’existe pas en tant qu’autre mais en tant qu’adversaire dénué de raison, ou en suiveur plus ou moins efficace. « En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus “sauvages” ou “barbares” de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques » (Claude Lévi-Strauss).

L’anomie (terme introduit en 1893 par le sociologue Emile Dukheim) caractérise un état de perte des valeurs, d’effacement des repères et d’irrésolution. Généralement les époques de forts bouleversements, de changements continus, prédisposent à l’anomie. C’est ce qu’il nous arrive en ce moment, d’où le déploiement actuel de nombreuses thèses déclinistes (Le succès du livre « Le suicide Français », d’Eric Zemmour, en est un bon exemple). Cependant un tel effondrement des normes peut aussi s’avérer propice à l’invention et la créativité, en l’absence des barrières traditionnelles. L’anomie serait alors l’état naturel d’une société confronté à des changements majeurs.

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 16:55

Contre l'imposture de ce temps, seul, le discernement.

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 16:52

Je danse la danse pour que l'espace se souvienne.

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 09:04

La séquence "Charlie Hebdo" a permis à la nation de réaffirmer son attachement à la liberté d'expression, à l'esprit critique et au droit à la dérision. C'est pourtant au nom de cette même liberté d'expression que l'on enferme aujourd'hui des gamins de 14 ans "parce qu'ils ne sont pas Charlie" - niant par là cette salutaire provocation que précisément on prétendait défendre.

L'art de la caricature ne possède pas de vertu en soi. Les caricatures antisémites des années 30 ont accompagné la montée du nazisme et l'arrivée d'Hitler : le juif avare, les doigts crochus enserrant sa cassette... Image que Fofana invoquera en 2006 pour justifier le choix de sa victime, Ilan Halimi, forcément riche parce que juif. Le premier cliché journalistique, c'est la caricature. La propagande passe par la caricature; elle n'est même profondément que cela : caricature.

On comprend mieux dès lors comment tous les liberticides ont pu se donner la main dans un tel élan d'unanimisme : que vive donc la caricature ! Dans un monde complexe, hautement interactif, où les hommes et les cultures n'en finissent pas de se heurter sur une planète devenue trop exiguë, la caricature n'aide pas à la compréhension ni à la rencontre mais flatte les bas instincts et attise les haines.

Propager une vision simpliste, systématiquement réductrice, conforme aux intérêts des oligarques : voilà à quoi se résument en général les médias. La politique adore la caricature. Elle ne fait que cela, à longueur de journée. Contre la pensée, contre la complexité, contre la lucidité : encore et toujours la
caricature. Le triomphe d'une carrière politique, en France, ne consiste-t-il pas à avoir sa marionnette aux Guignols de l'Info ? On comprend dès lors pourquoi ceux qui se targuent de "gouverner" mettent un tel acharnement à les défendre, ces foutues caricatures.

Alors oui à la liberté d'expression, à toutes les libertés d'expression; mais avec le décryptage et le recul nécessaires. Oui Charlie a prêté la main à l'islamophobie. Non le rire n'est jamais innocent. Le musulman est le juif d'hier; et la caricature prépare toujours les esprits au prochai
n Vél d'Hiv.

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 08:45

L'autorité, c'est soit la discipline soit la reconnaissance. La force ou le savoir. Or l'Ecole, l'Ecole républicaine, ne possède plus désormais ni l'une ni l'autre. Sa vocation émancipatrice n'existe plus ; ni pour la formation de l'esprit critique et de la citoyenneté, ni pour la promotion sociale d'un individu. C'est même le contraire : percutée par la société consumériste ultralibérale d'un côté et la relégation sociale de l'autre, l'Ecole est le lieu de reproduction, voire d'accentuation, des inégalités, l'apprentissage du conformisme, de la frustration et du fatalisme. Loin de cet élan émancipateur qui en était le fondement, l'Ecole n'est plus vécue comme le lieu de l'accès au savoir mais comme une prison; une vague garderie avant le chômage.

Comment, dès lors, ne pas désespérer ? En faisant retour à l'antidépresseur de base : le communautarisme, le refuge dans des identités réelles ou fantasmées. Ainsi certains élèves ont recours à l'autorité du religieux pour jouer en contre à l'égard de cette institution dont la fonction intégrative s'est grippée. Ainsi voit-on le désarroi d'un corps enseignant désavoué (on se souvient de la sortie de Sarkozy sur La Princesse de Clèves) face à la perte de l'autorité des savoirs émancipateurs, au profit de l'autorité restaurée de la religion. Croire, mieux que savoir. Croire, pour détruire le savoir et la liberté qu'il suppose. Car ne sachant que faire de la liberté on tend toujours à la détruire, pour ne pas assumer la responsabilité individuelle qu'elle suppose.

Oui l'Ecole républicaine est vouée au désastre, faute de moyens, faute de convictions.Oui la religion est cette arme de réaction massive qui est en train de la subvertir jusqu'en ses fondements. Oui la doxa libérale - et cette autre arme de réaction massive que constitue la dette - représente l'autre mâchoire de la tenaille. Ainsi Saoudiens et Américains partagent-ils un même dessein : celui de soustraire notre monde à l'intellection et au discernement. Leur ennemi commun ? La liberté.

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 08:34

Dieu, ce Dieu qui n'existe pas, est à la fois l'amour et l'impossibilité de l'amour. C'est pourquoi, aussi souvent, aussi absurdement, il se transforme en violence haineuse.

Dans toute écriture sacrée, qui, elle, existe, l'esprit est pour les saints, la lettre pour les imbéciles.

Dans l'interdit de la représentation que l'on attribut à la tradition musulmane (mais qui ne se trouve pas dans le Coran), la dimension impie tient à la substancialisation du divin par l'image. Or prétendre venger le prophète renvoie là aussi à une substancialisation. Un homme peut venger un autre homme, il ne peut venger le divin. La violence au nom du prophète est donc impie.

Mais qu'importe les logiques. Descartes savait cela. Spinoza savait cela. Nous faisons éternellement, au nom de Dieu qui n'existe pas, des guerres bien réelles. Cela galvanise les pauvres d'esprit. C'est l'humiliation du philosophe que de voir ainsi les passions l'emporter perpétuellement sur la raison.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 11:06

« A bas les cons »
- Cabu -




MDR.

Telle sera sans doute leur épitaphe, à nos amis de Charlie. Celle en tout cas qui restera gravée dans la mémoire de ce sinistre 7 janvier où leurs sourires ont été effacés d’un seul coup. Oui, en 2015, on peut mourir de rire. Parce qu’une poignée de couillons qui ne représentent qu’eux-mêmes en ont décidé ainsi. Parce qu’une kalachnikov, ça vous donne du courage ; celui d’assassiner froidement des caricaturistes truculents et potaches.

Qu’y a-t-il pourtant de plus fraternel que le rire ? Pas besoin de partager des coutumes, des croyances, des langues, pour rire ensemble. On est rarement aussi proche des autres que lorsqu’on rit avec eux. Le rire c’est de la fraternité en action. La forme même du bonheur, dans sa simplicité la plus immédiate.

La satire, c’est la vie. Qu’y a-t-il de plus libre que l’irrévérence ? La liberté n’existe que lorsqu’on s’en sert ; et ceux-là, pour sûr, savaient s’en servir. Avec excès ? Non : on n’est jamais trop libre. Car la bande de Charlie rassemblaient surtout des amoureux de la vie. Et s’ils se moquaient des cons, de tous les cons, c’était par générosité ; par incapacité chronique à ne pas rêver d’un monde meilleur. Chez Charlie il y avait de la férocité, mais c’était pour la bonne cause. C’était une férocité sans haine, une férocité aimante.

Alors voilà, le monde tel qu’il est. Avec ces gros beaufs (l’expression est de Cabu) du « déclin français », les Le Pen, les Zemmour, les Houellebecq, tous ceux qui font leur bon beurre sur la bêtise et sur la haine. Oui ce matin les beaufs ont la banane.

Pourtant ce qui s’est passé hier à 11 heures 20 redonne tout son sens à la liberté d’expression. En voulant éteindre le rire de l’irrespect démocratique, le commando de couillons n’a pas réussi, contrairement à ses plans, à déstabiliser le pays. C’est même le contraire : les tirs d’hier ont recomposé le cercle de la Nation. Elle est debout, la Nation. Elle reste et restera, au-delà des différences et enrichie par elles, non pas la juxtaposition revancharde des identités, mais la co
mmunauté de nos affections.

On appelle ça la France.

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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 10:23

« Quand j’aide les pauvres, on me dit que je suis un saint. Mais lorsque je demande pourquoi ils sont pauvres, on me traite de communiste»

Helder Câmara (1909-1999), évêque brésilien.

Je cite rarement des évêques. Mais nous avons là énoncé le combat des combats. Il ne s'agit plus de jouer, de faire "comme si" nous étions du bon côté ; cela s'appelle s'acheter une conscience, comme les bourgeoises l'ont toujours fait, comme Bernie Chirac continue à le faire avec ses pièces jaunes pour les hôpitaux. L'important n'est pas dans les pièces jaunes, mais dans leur absence. Pourquoi sont-elles là, sinon pour faire oublier les causes de leur présence ?

Nous ne pouvons plus "faire" sans demander pourquoi. Notre bonne conscience ne doit pas éclipser notre inextinguible soif de lucidité. Car alors elle ne servirait plus à autre chose qu'à perpétuer l'arbitraire, l'injustice.

Cette question. Et pas une autre.

Que 2015 lui fasse écoute.

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 12:39

La morale du FMI a ceci de commun avec la morale de la mafia qu'elle consiste essentiellement à payer des dettes contractées sous la menace.

Gérard Larnac - copyright décembre 2014.

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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 10:15

Le Pouvoir consiste à multiplier le nombre de ses obligés. A ce titre, pouvoir et corruption marchent main dans la main. Cependant, quid de ceux qu'on n'a pas pu corrompre, soit parce qu'ils s'y refusent, soit par ce qu'ils sont trop nombreux ? Il faut les tenir par une dette supposée. Pour accepter de se soumettre au pouvoir, il faut lui devoir quelque chose. La dette est au coeur de la constitution même du pouvoir. Ceux que le pouvoir n'achète pas, le pouvoir les endette. Lui seul décide qui seront les barons, qui seront les valets. La dette constitue une rupture d'égalité, le retour à l'équilibre ne pouvant se faire avant "l'extinction" complète de celle-ci. Pérenniser une dette, c'est pérenniser le principe d'inégalité, c'est-à-dire l'instauration d'un régime a-démocratique. C'est tout le génie de cet instrument politique que représente "la dette" : elle culpabilise le citoyen au point que celui-ci s'estime lui-même coupable du déficit démocratique dont il est de fait la victime.

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