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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 11:09

L'addiction à l'ultralibéralisme est de même nature que l'addiction aux jeux. Je ne doute pas qu'elle sera un jour définitivement répertoriée comme maladie mentale, et que de même qu'on interdit à certains joueurs l'entrée des casinos on interdira à certains individus toute activité liée de près ou de loin au marché.

Mais en attendant leur addiction fait notre pauvreté. Elle détruit ce monde, son air et ses paysages. Elle détruit ses rêves de fraternité comme ses exigences démocratiques de liberté. Les malades, qui voudraient tant nous contaminer, nous ont enfermé dans cette pathologie qui leur est pr
opre.

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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 11:08

"L'économie fonctionne comme une théologie à laquelle on sacrifie plus de gens qu'on n'en a jamais sacrifié dans toute l'histoire des religions"

- Bruno Latour -

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 14:32

On ne veut plus habiter. Ni habiter l'ici, ni habiter sa propre vie. J'ai longtemps écrit pour mieux habiter : pour mieux s'éprouver soi-même, pour mieux retrouver l'autre, pour mieux inscrire son campement dans le territoire. Or tout ceci s'achève. La société devient liquide, fluide : passant d'un état à l'autre, d'une situation à une autre. L'organisation de cette instabilité, de ce mouvement perpétuel, est au bas mot ce par quoi Arendt définissait l'état totalitaire : jamais rien de fixe pour empêcher l'esprit de "faire le point". L'Histoire (dont nous sommes comptables, qui inscrit nos vies dans un récit cohérent et un futur à construire) est effacée. Le temps n'existe plus. Tout s'étire, hors sol comme on dit désormais. L'explosion du nombre des données disponibles se substitue à l'intelligence de ce peu qu'il nous faut comprendre : qui suis-je, que m'est l'autre, où me mènent ma liberté et ma conscience ? Aujourd'hui ce qui n'en passe pas par la superficialité du fluide est devenu inaudible : comme des ondes dans le spectre lumineux que l'oeil ne perçoit plus. La vitesse triomphe. La brièveté. Ainsi devenir imperceptible. Mais toujours entier dans l'émeute : veiller.

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 18:17

Eux

C'étaient eux nos copains, on les a laissé tomber, parce que leurs paluches étaient lourdes, leurs manches pleines de cambouis, que leurs rires finissaient par ne plus être les nôtres, nous on faisait des études, puis on faisait dans la com', l'art, le journalisme. Eux ils hochaient la tête, nous prenaient parfois pour de sombres couillons - ce que pour sûr nous étions.

C'étaient eux nos copains, les mal équarris, les hagards, les laborieux, les trimardeurs qui apprenaient sur le tas de vieux métiers dont nous n'aurions pas voulu, même pour une heure, une minute.

C'étaient eux nos copains, avec leurs bonnes rides et leur bedaine précoce, eux qui se tenaient à l'écart pour nous laisser la place, comme si ça n'avait tenu qu'à nous. Eux les courageux, les entêtés, les invisibles.

C'étaient eux nos copains, pas les gentils gamahuchés de la culture, eux qui parfois ne savaient pas même lire mais en savaient plus long sur nous-mêmes que nous n'en saurions jamais, eux les héros de l'infortune et du manque de bol.

C'étaient eux nos copains, nous les avons trahis - il faudrait un maquis, à nouveau, pour qu'on se retrouve ensemble, un peu. Et du vin, beaucoup de vin, pour rattraper le temps perdu de l'amitié. Vos signatures d'une croix me sont aujourd'hui plus chères que toute cette prétendue littérature.

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 10:31

Comme je m'y attendais le chauffeur de taxi s'est perdu, complètement perdu. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Les taxis ne connaissent plus le plan des rues, et Greenwich Village moins que tout autre quartier. Je lui dis de stopper n'importe où et d'aller se faire foutre. Dire "Va te faire foutre" à New York résonne mieux que partout ailleurs; j'en profite. Je claque la porte sans payer et sans me retourner, ses vitupérations de taxi driver dans le loin de mes oreilles. Largué au bas de la 8e rue, je rentre dans une épicerie pour demander mon chemin. La vieille chinoise derrière sa caisse ne se retourne pas; elle est aveugle, dit qu'elle ne peut pas me renseigner. C'est pourtant grâce à elle que je retrouve mon chemin. J'en tire ma philosophie du jour.

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 00:22

La vie proportionnée à nos attentes est une vie en réduction.

La vie, la vraie, déborde l'échelle de nos rêves.

Elle reste avant tout sauvagement inconcevable.

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25 mars 2015 3 25 /03 /mars /2015 08:29

Cette même inefficacité économique qui maintient nos sociétés en état d'austérité endémique est une efficacité politique qui impose de lui-même un régime post-démocratique : un techno-totalitarisme.

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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 08:52

Laissons-leur tout.
Privons-les de nous.
Vivons libres : nous n'avons besoin ni de leur cynisme ni de leur avidité. Moins encore de leur façon d'organiser tout cela en notre n
om.

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 14:11

1975-2015 : 40 ans de crise n'en est plus une : c'est un régime. La "crise" ne nomme pas un accident, mais un régime politique. Non que le régime traverse une crise : la crise est le régime politique lui-même.

Le renversement du conjoncturel en structurel, du temporaire en permanent, est la marque du coup d'Etat dont nous sommes les contemporains.

Mais la crise est aussi l'occasion, le moment opportun ; car de l'incontrôlable s'est introduit dans la structure. Et le régime qui croyait étendre grâce à elle le champ de son autorité se trouve aussi exposé comme jamais à ce qui le condamne.

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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 09:00

"Une terre sans peuple", disaient-ils.
L'Autre est toujours invisible aux yeux de l'occupant.
Aucun peuple n'est élu.
Il n'y a que des vivants et des
morts.

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