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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 15:47

Le système financier est fondé sur l'absolue certitude que l'Etat, quoi qu'il arrive, sera toujours là pour lui sauver la mise. D'où l'endettement de l'Etat, le public passant son temps à régler la note du privé. Mais "la dette" doit avoir une limite : on ôtera donc au citoyen le bénéfice de ses services publics en disant que franchement, il exagère, avec tout ses "acquis sociaux", et qu'il faut bien sauver les banques, le CAC et tout le toutim de la sainte merderie globalisée. On explique d'un côté aux gens qu'on n'a plus, mais alors vraiment plus de sous pour la santé ni l'éducation des enfants, et de l'autre qu'il faut voler au secours du système qui les réduit au chômage - ce nouvel esclavage. On ne sait pas ce qui est le pire : l'infini cynisme de cette tyrannie, ou l'infinie bêtise des peuples à se laisser ainsi berner.

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 16:00

Pour son premier roman, Marie-Gabrielle Duc propose une farandole surréelle bourrée d’humour, décalée et sociale – une fable bien d’aujourd’hui. Soit Kowalski, divorcé taciturne qui vit dans un appartement uniformément blanc, doté d’un fils lointain qui a rompu tout lien avec lui. Son unique passion consiste à recopier indéfiniment, à la main s’il vous plaît, « La Recherche » de Marcel Proust – moderne Pénélope tissant et détissant son ouvrage pour maintenir ouvert le temps éternel du retour toujours possible. Sauf que là, pas d'Ithaque. Nous sommes à la veille de Noël. De permanence dans un hangar de Garonor, un de ces non lieux improbables et sans forme qui semblent n’avoir été conçus par l’esprit humain que pour s’égarer un peu plus, notre homme est soudain intrigué par la présence incongrue d’une remorque rouge.

« Camion rouge », c’est le premier jouet qui vient à l’esprit des jeunes garçons quand on les interroge. Une sorte de monde en soi, clos sur lui-même, qui contiendrait tous les mondes. S’y surajoute ici l’aspect d’une boîte de Pandore, posée là comme l’ovni définitif des solitudes, des migrations en panne.

Et voilà que finissent par en sortir sept enfants d’environ huit ans, sept, comme les notes de la gamme. Sept mutants muets et agités, comme tombés d’une autre planète, qui caracolent et cabriolent. Des clandestins, de ces autres absolus perdus dans l’autisme indéchiffrable de leurs différences.

En reconstituant leur histoire, en les apprivoisant peu à peu, Kowalski va aussi apprivoiser sa propre errance dans le temps et l’espace, son inexorable éloignement au sein de sa propre vie. Il va peu à peu reconstituer le langage nécessaire pour combler la distance, « refaire signe » à sa femme.

Des mots rouges et mobiles pour redire le lien. « La Remorque rouge » est un beau récit de la distance qui s’incruste entre les êtres. Les exhume du blanc impersonnel où les contraint l’usure du quotidien, ce blanc du temps qui bouffe tout et dont on ne sort qu’en accumulant des nombres, des notes, des mots et des couleurs. Oui, l’art endigue la violence du temps, recrée des proximités et des attachements.

C’est là une des belles leçons que transporte « La Remorque rouge » de Marie-Gabrielle Duc. Un conte philosophique qui passe les frontières, à la barbe des douanes et de tous les apôtres tordus de "l'identité nationale".



La Remorque Rouge, par Marie-Gabrielle Duc (Albin-Michel)

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 15:41

En ces jours de retour l'Afrique me reste comme une silhouette
indécise tout au bout de la piste, Ouagadougou, puis la route nord, vers le Mali, faire halte dans la province du Yatenga, fouler les lieux secrets, les espaces sacrés où veillent les caïmans, l'esprit des lions aujourd'hui disparus. Dans les tourbillons lents de la poussière rouge, partager le mouton de l'aïd avec un inconnu, voir le monde, une fois encore, jusqu'aux entrailles, comme si quelque chose de lui pouvait être déchiffré, révélé - au bord de cette révélation finalement on renonce, préférant se mêler aux foules des marchés et aux rires - suivre seul la piste des baobabs. 

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24 septembre 2009 4 24 /09 /septembre /2009 09:32

«Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent la nuit, dans les recoins poussiéreux de leur esprit, s ʼéveillent le jour et découvrent que leur rêve n ʼétait que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en oeuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser  »
         
T.E Lawrence



A noter le week-end prochain : 21e Festival des Globe-Trotters à l'Opéra de Massy (91)
http://www.voyageons-autrement.com/festival-globe-trotters-2009.html

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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 15:31
Un jour je parlerai. Promis. Je dirai tout. Tout ce que me fait subir mon traitement de texte Word sur mon Windows sous XP. Même que vous n'en croirez rien. Vous direz il galège, l'ami. L'a trop bu. Imaginez : vous écrivez. Et tandis que les lignes s'emplissent voilà des fragments de textes qui sautillent allègrement dans tous les coins ou, mieux, disparaissent carrément, un vrai feu d'artifice, à chaque instant. Les phrases se mélangent. Les terminaisons émigrent trois lignes plus haut afin d'achever d'autres mots que les leurs, histoire de rire. Bien sûr c'est un peu fatigant. Il faut veiller au grain. Mais j'ai fini par intégrer ses folies. Par les utiliser. Je les attends au tournant. Maître Breton m'a tout appris. Alors, si mes textes en viennent à perdre toute signification un peu digne de ce nom, au moins, je reste zen. C'est, tout bien considéré, le principal. 
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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 11:26
La doctrine mythique de l'autorégulation des marchés étant désormais par terre, l'Etat est face désormais à cette seule alternative : le partage équitable des richesses, dans une remise en cause radicale du système financier mondial, ou une violence jamais vue à l'encontre des populations afin de poursuivre au grand jour ce qui ne saurait plus être toléré par personne.
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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 09:06

Dans le numéro de septembre de Philosophie Magazine (n°32), Raphaël Enthoven fait l'éloge de l'étrangeté et de la métaphore. "L'étrangeté naît d'une attention renouvelée par l'oubli de soi et le sentiment paradoxal de se mêler au monde inhumain qui nous concerne sans nous regarder", écrit-il.

C'est là, très exactement défini, ce qui est le moteur même de mon écriture. Sa grande origine. L'expérience de l'étrangeté nous permet de demeurer dans l'élan de notre étonnement premier. Libéré de ce fantasme de dévoilement omniscient, qui ne fait qu'entretenir des ego faussement intraitables, obsessionnels et... vides.

L'expérience de l'étrangeté constitue pour Enthoven une migration intérieure où l'homme, où l'esprit reprennent leur essentiel vagabondage. L'accès à un monde sans justification mais pourtant nullement absurde.

Sur le plan du langage, l'instrument d'ouverture à l'étrange est la métaphore, bien sûr, ennemie jurée de toute rentrée romanesque ou presque ; car précisément elle s'inscrit en rupture avec les petites histoires, les névro-fictions, le ressassement. Pour nous faire entendre l'inouï.

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 15:26

L'époque Michael Jackson, le son "Thriller" du début des 80's, la naissance du clip sur toutes les télés époque mittérandienne que regardent avec une avidité nouvelle les petites soeurs de nos copines d'alors... Coincé entre le noir et le blanc, tiraillé entre le funk plein de ferveur estampillé années 70 et l'esthétique saumâtre des cimetières dont nous ne sommes toujours pas sortis (vampires, revenants, serial killers...), déchiré entre la liberté woodstock-bohème et le cynisme de l'hydre reagano-thatchérienne, Michael Jackson envoie son cri. Chevauchant des asphaltes nocturnes, en apesanteur dans le vide naissant de la société ultra-conservatrice qui s'annonce. Rock corde au cou, version pop des bourgeois de Calais, prêt à passer avec arme et bagage dans le camp de la world compagnie et de la musique de fond. Emancipation sida. Rêverie chômage. Jusque dans les travées cliniques de nos supermarchés, là où avachis on pousse mollement nos caddies de consommateurs, il vient nous suriner le tempo de nos désertions, le pop-rock, et toutes les trahisons où nous le vîmes, moi et quelques autres qui passaient par là, complètement se perdre. Michael Jackson en fossoyeur involontaire, échangeant notre antique liberté contre des monstres, artiste de ce lent basculement vers la zone grise de nos renoncements collectifs.

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 20:10


Sans titre, mur de pierres sèches de granit
Andy Goldsworthy, 1992.
Lac de Vassivière.

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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 09:10

Un dernier signe d'amitié aux passants de ces pages avant transhumance estivale. Avec près de 400 articles publiés, n'hésitez pas à aller vous perdre dans le maquis de ce blog littéraire. Dans les Carnets d'esquisse vous trouverez 35 portraits d'écrivains; dans In Extenso 78 textes inédits et leurs copaux d'atelier ; dans Traduire le Vent 70 notes sur mes partis pris esthétiques ("post travel writing"); dans mes 17 Bob Dylan's Outtakes des visions et nouvelles du barde électrique, notes préparatoires pour un livre ; plus tout le reste, fragments d'un discours amoureux de littérature.

Tel est ce blog : des senteurs d'atelier, et cet espace qu'on y dégage tout exprès pour vous y recevoir. Montrer une écriture au travail, à travers projets, publications, vie de l'édition. Qu'on y sente moins l'écrivain que le frottement obstiné de l'écriture. Pas le nombril : la ligne qui va.
   

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