On est toujours piégé par les mots que l'on prononce, par la figure qu'ils précisent, la fausse cohérence qu'ils finissent par induire. C'est pourquoi la poésie. Tintamarre à mots couverts, désamorcés, réamorcés vers d'autres réalités, sortis de l'enfer...
Entre valeur, douleur, jouissance : que vaut aujourd’hui le « travail » ? Alors que la loi El Khomri portant sur la réforme du Code du travail n’en finit pas de secouer le pays, qu’en est-il aujourd’hui, précisément, du « travail » ? Au-delà des postures...
Le feuilleton du burkini a enflammé l’été des gazettes. Il ne serait que grotesque s’il n’était le révélateur du délabrement de nos principes les plus chers. Entre burkini et bourre conauds, les media, télé en tête, ont encore une fois apporté la preuve...
et tandis que c’est là une présence venue de loin qui te regarde et pour finir qui te soulage comme te soulagerait la discrète proximité d’un compagnon de bagne que tu te serais inventé mais rien rien rien de bien mystérieux là-dedans le noir est simple...
Comme le suggérait un magnifique édito du « Quotidien d'Oran » cité par Benjamin Stora en début de semaine, les désinvoltes ont le luxe de ne pas aller voter dimanche car la ségrégation ne commence jamais par eux. C’est bien d’abord un principe identitaire...
A ces éditeurs qui se plaignent des manuscrits qu'ils reçoivent, et doivent en effet lire ou du moins survoler, leur dire mon antipathie viscérale. Ils sont comme le chercheur d'or qui se plaint d'avoir à entrer dans la mine. Bien sûr, MonsieurMadame...
Entraînées dans la spirale mondiale du populisme, nos sociétés sont prêtes à liquider tous leurs rêves d’émancipation et de progrès humains. Brexit version radicale par peur des envahisseurs (avant peut-être un « Itaxit »), Trump en Superdupont histrionique...
De belles tournures, des phrases bien faites : même Yann Moix y arrive. Je me dis alors qu'on est tous un peu devenus écrivains. Que ça y est : que ça s'exprime. De partout. Que ça fuse. Anonyme. Mais l'idée neuve ? Mais le rythme inouï ? C'est ça qui,...
Passion récente pour ce petit passage, non loin de Beaubourg, où se situe la nouvelle petite Maison de la Poésie. Discrète. Fragile. Comme éphémère. J'aime en attendre les séances au café Le Cavalier Bleu, devant un Chardonnay, avant que me rejoigne la...
Vous êtes les ressortissants du vieil ordre failli Vous aviez oublié cette joie sans mélange qu’apporte la fraternité des armes Vous aviez oublié la furieuse attraction de la mort Vous aviez négligé les immenses colères Ce que vous nommez folie n’est...
Retirez l'envie de meurtre de la société, retirez l'argent sale de l'économie, retirez la médiocrité mesquine des esprits - et c'est tout l'ancien monde qui s'effondre. C'est pourquoi tout tend au statu quo. Et pour longtemps encore. En août 1963, le...
Il est toujours tentant pour un écrivain - j'entends: un vrai écrivain, moins attaché au résultat de sa production qu'à la recherche aventurière de son art - de délaisser le projet d'un livre pour se consacrer à l'étude de ses conditions d'énonciation....
Quelque chose est décidément en train de se passer. Chacun sait désormais que la crise a révélé l’échec massif de trente ans de dérégulation. C’est à partir du thatchéro-reaganisme des années 80 que s’envole l’endettement. Chacun a compris le mécanisme...
Au bout de tant et tant d'écriture, brûler tous les ponts, trouver un plus, un encore, un autrement. Tous ces efforts que j'ai du produire pour écrire et publier ces quelques textes m'ont masqué une réalité dont je m'efforçai sans doute de détourner les...
1. froid soleil rouge montagne nue parfums tranquilles 2. fleuves insoucieux du fracas des marées flots de regrets aux pommes sures poème comme noyé descend au rythme rutilant du soleil qui se couche les trombes les horreurs antiques illuminées l'éveil...
Par les mêmes caravanes, les mêmes caravelles, arrivaient autrefois les marchandises avec les dieux, les arts avec les étoffes, les monnaies avec les idées, les épices avec les langues, les savoirs avec les saveurs. Le commerce était lien, échange, mélange...
Mettre fin à toutes ces histoires d’écriture ; c’est autrement que le monde me parle. Laisser venir. Se défaire d’un maximum de déterminisme ; aimer la part qui reste. Liberté ? Ne plus avoir affaire à la race des interrupteurs. Ne tolérer que ce qui...
comme ces plaques de métal fin qu'on tort dans les coulisses pour faire un bruit d'orage nous croyons être là - un rien, décidément, nous abuse nous poursuivons des monstres sous un ciel d'abattoir du cirque pas d'amour carcasses mâchoires féroces plus...
Sur la question de la « digital generation » et de la nouvelle « web-culture », comme l’idiot qui regarde le doigt quand on lui montre la lune, on s’attarde un peu trop sur les tuyaux et pas assez sur leurs conséquences. Ce qu’il y a de remarquable dans...
courir encore les routes par les froids infernaux Dharma Bums intraduisibles tout est à l'arrêt les machines elles-mêmes sont à l'arrêt dans le Now/Here NowHere de la travelling zone tu tournes en rond tu fausses compagnie prêt à tout pour sauter hors...
L'individu "surmoderne" est désormais confronté, à travers toute son existence, à trois crises psycho-sociologiques majeures : une crise de l’espace ; une crise de la temporalité ; une crise de la relation. Il faut entendre ici le mot « crise » : un bouleversement...
On se souvient de la superbe entame de Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques : "Un bruit surexcité trouble à jamais le silence des mers". Retrouver ce silence. Fait de tous les divers assemblés. Au-delà de l'Homme, de sa présence, de ses projets, au-delà...
Ce qui se modifie à la fin du XXe siècle c'est le rapport entre l'échange (créateur d'efficience techniciste) et la forme sociale de l'échange (créatrice de lien). C'est le moment où le premier prend clairement le pas sur la seconde, quelles qu'en soient...
La culture, ça ne se consomme pas; sinon il n'en reste rien. En frappant un objet d'obsolescence pour en assurer le remplacement, le marketing produit de la consommation et donc du profit pour les entreprises. En frappant un objet culturel d'obsolescence...
Oui Charlie on t'aime bien dans ton costard de flammes. Non Charlie on ne s'associe pas au cortège des pleureuses. Qu'un journal satirique crame au combat nous montre la réalité de ce combat ; c'est un mal nécessaire. Que serait une provocation sans risque...