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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 20:22

Le renégat. Avant-hier, l'insurgé ; hier, le marginal ; aujourd'hui, le migrant. Demain : l'homme vivant, qui est la somme des trois premiers.

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 17:27

Et le XXIème siècle entra dans sa dixième année… De l’écroulement du World Trade Center à celui du système financier, qui lui est intimement lié, ces dix ans laisseront ce goût de cendre et d’inachevé propre aux périodes de transition. Un monde assombri, mais pas dénué de promesses ni d’énergie. Inaugurée dans l’euphorie des start up et le nouveau modèle économique que celles-ci représentent, cette période marque le retour de l’initiative individuelle, associée cette fois à la recherche de nouveaux équilibres. On est bien loin de l’aveuglement des années 80 et de son narcissisme débridé. Un plus grand esprit de finesse est dans l’air. Développement oui, mais responsable. Cette prise de conscience n’est pas sans vertu pour la suite.

 

Depuis l’an 2000 nous sommes collectivement entrés dans un processus de changement qui présente toutes les apparences d’une évolution par rupture. C’est d’abord un monde fortement ébranlé dans sa confiance en lui-même : à la fois dans ses logiques internes (périodiquement secouées par des crises à répétition), dans ses certitudes, dans sa foi en un progrès aveugle (pénuries annoncées des matières premières, mutations climatiques, désastres écologiques). A la « fin de l’histoire » que claironnait gaillardement Francis Fukuyama à la fin des années 80, lui qui voyait la résolution de tout conflit par le triomphe absolu et définitif de l’esprit occidental,  répond désormais « Le choc des civilisations » de Samuel Huntington. Le 11 septembre est passé par là. La civilisation (mais nous le savions depuis Paul Valéry) est un bien périssable. Comme toute vérité relative, elle est contestable et contestée.

 

Le changement, c’est également la perte de l’idée de « centre ». Le centre du monde s’est déplacé d’ouest en est, des Etats-Unis vers la Chine, l’usine globale. Mais existe-t-il encore à proprement parler de « centre », ou ne va-t-on pas plutôt vers une société en réseau, où tout tient à la vigueur des relations qu’entretiennent entre elles les périphéries ? La ville d’hier, avec ses murs d’enceintes protecteurs, ses limites et ses organisations centralisées, n’existe pour ainsi dire plus. La nouvelle urbanité est une non-ville (cf le projet du « grand Paris »), une conurbation ouverte où les voies d’échange comptent bien plus que les centres d’hier. Là encore, à l’image de toutes nos organisations, se dessine nettement une évolution en étoile, faite de points tous équivalents où se nouent les relations. L’organisation en pyramide, symbole de puissance centralisée et de hiérarchie forte, s’achève. Une nouvelle ère commence, celle où la qualité du lien vaut plus que les entités qu’il met en relation, où le système est en mouvement perpétuel et où un changement en un point affecte l’ensemble de la structure. Plus ce schéma s’étend et se globalise, plus il repose sur la notion essentielle de « solidarité », au sens quasi-mécanique du terme.

 

Au sein de cette nouvelle société du lien, de la relation, de l’interaction, l’individu est fortement sollicité. Les pressions qui s’exercent quotidiennement sur lui sont considérables. D’autant qu’elles sont parfois contradictoires : le sujet contemporain n’a plus à faire avec un milieu homogène ni un parcours linéaire. Au contraire, sa propre existence est faite de ruptures, d’hétérogénéités, de recommencements

 

L’injonction d’autonomie et de responsabilité faite en permanence à l’individu le pousse soit au dépassement de lui-même soit à la dépression. Mais là encore, même la valeur d’accomplissement personnel est en pleine mutation. Il ne s’agit plus aujourd’hui de triomphe solitaire. Comme l’écrit Charles Taylor : « Aucun accomplissement n’aurait de valeur dans un monde où littéralement rien n’aurait d’importance que l’accomplissement personnel ». Quelle rupture avec la vision d’un individualisme égoïste, telle qu’elle prévalait encore dans les dernières années du XXème siècle ! Car autrement dit, on ne gagne jamais seul, mais en solidarité active avec les autres et la société qu’ils composent. La liberté ne constitue plus une fin mais un moyen. L’individualisme contemporain, après avoir goûté le lait amer du cynisme, est donc lui aussi en pleine mutation.

 

L’invention de nouvelles singularités individuelles est donc à l’ordre du jour. La reconstruction du moi passe par l’éthique, l’ouverture, la solidarité. L’identité devient un thème majeur. D’autant que d’ici 2050, un milliard de migrants parcourront la planète. C’est là l’horizon des prochaines décennies du siècle : forger des identités ouvertes et des pensées migrantes, qui ne seront pas « nationales » ni « nationalistes » mais qui auront pleine capacité à entendre les raisons de l’autre homme et à lui faire une place ailleurs que dans les charters de la république. Qu’on le veuille ou non, c’est tout le travail des temps qui s’annoncent.      

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 11:31

Les rigidités doctrinales et administratives de notre pays empêchent toute « mesure flottante » : on pourrait tout à fait imaginer, comme cela se pratique dans certains pays, des politiques à géométrie variable selon la conjoncture (assouplissement des règles pour favoriser l’emploi en période de crise, retour aux règles traditionnelles dès l’embellie). On en est encore à préférer les pétitions de principe aux solutions possibles. Du coup la société se trouve prise en étau entre des mutations profondes et des immobilismes d’acier.


Cet "immobilisme" dont on parle tant tient à cette cocotte-minute de la classe moyenne dont l’Etat n’entend absolument pas libérer les énergies, craignant les formes  nouvelles d’organisation politique qui pourrait éventuellement en résulter (démocratie participative, contrôle de la gestion de l’Etat, renouvellement des élites, développement durable et éthique, etc.). La France est encore une société du 20ème siècle toute corsetée dans ses rigidités d’un autre âge, que s’en viennent tourmenter les extraordinaires opportunités du 21ème siècle.

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 12:41
La justice est à la société ce que la vérité est à la pensée.
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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 10:46
Nous sommes Homme de ce que rien de ce qui touche au monde et à l'autre homme ne nous est étranger.
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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 09:27

Sûr, quelque chose a dû foirer quelque part. Les bandes cassent les centre-villes, les banques ; mais là n'est pas le pire. Le pire, c'est cette difficulté que nous éprouvons à leur en vouloir. En face, les gangs de la finance sont devenus ministres, présidents, ils placent leurs hommes de paille, ils avancent leurs pions, font prospérer leurs affaires. Qu'importent les mains lourdes et immobiles de l'homme inemployé, à qui l'on demande de se résigner sagement à ce rien qu'est devenue sa vie. La vieille démocratie est violée de partout, entre les poubelles de nos avenirs en friches. Même la liberté ne fait plus recette. La liberté, elle a fait un pacte contre nature avec le cynisme et la cruauté. Elle est l'autre nom de l'avidité, ne laisse plus de place ni pour le spirituel ni pour l'antique fraternité. Des femmes mettent des fichus sur la tête et s'enferment dans les appartements. Le Dieu apocalyptique ressort des caves, il cligne des yeux, il n'en revient pas de ce rappel inattendu, à la toute fin d'une pièce qu'on disait un fiasco. Les livres n'en sont plus : juste un habillage maladroit des séries, des jeux vidéos, ces nouveaux oripaux.  Une pensée nouvelle, oui : réactionnelle. Plus le temps de creuser notre pensée, moins encore de méditer. On n'habite plus soi. On est jeté dans un bain d'extériorité effervescente, on apprend par interaction les nouvelles règles du jeu, on s'adapte, on réagit instantanément. Quelque chose a dû foirer. Nous ne sommes pas là. Si nous y étions vraiment, rien de tout cela ne serait accepté.  

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4 octobre 2009 7 04 /10 /octobre /2009 23:11
La plupart des rapports de force sociaux dont nous croyons encore avoir à débattre démocratiquement sont de fait toujours-déjà résolus dans la complexité des processus techniques qui nous entourent.
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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 19:52
La douleur qui t'est propre t'indique aussi une liberté qui n'appartient qu'à toi.
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 07:34
Le jour où la faim disparaîtra, la politique cessera elle aussi d'exister. L'ère de l'esprit pourra alors commencer.
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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 10:46

Dans les hauteurs de Gargnano, Italie – Tous ces jours je n’ai raté aucune des aubes sur le lac. Derrière la montagne le vent souffle plus fort, plus frais, lorsque le soleil paraît. Simplement se mêler aux ombres longues du matin, au murmure des sources, à la danse acrobatique des oliviers qui frissonnent en cadence à vaste vert incandescent et cavalcadent vers le village en contrebas.

 

Premières falaises ensoleillées. Comme un regard qui s'éclaire. Le lac. Lumière tropicale. Il a ce matin le son d’une feuille de papier au loin que l’on froisse. C’est une lucidité nouvelle qui s’éveille parmi les parfums de menthe sauvage, ou de terre mouillée après longues averses de l’orage montagnard.

 

Ce que certains instants nous donnent passe toute notre vie. Et le sentiment de reconnaissance que l’on en éprouve nous redonne le monde, dans toute la vigueur, tout le chaos et toute la clarté de son Un-Divers. Vaste comme une mémoire qui se rallume. Mais une mémoire qui ne serait pas la nôtre.

 

Plus tard regagner la table d’écriture. Grand œil de lumière à la surface des eaux, là-bas, tremblant, dans l’avant du désir. Virgile déjà, Goethe Stendhal Larbaud Gide Mann Hesse d’Annunzio, Hemingway même – Nietzsche en 1880 quand il claque la porte de l’Université et entame ses errances barbares, c’est ici qu’il vient.

 

Garde-toi de tout retour possible. Et souviens-toi qu’en ces hauteurs-là, même le silence écoute.

 

 

 

Riviera dei Limoni, Lac de Garde - juillet 2009

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