D'une porte close savoir faire un radeau.
Ecrire, c'est être le premier d'une peuplade qui n'existe pas encore.
Ecrire comme un vieil indien goguenard qui affûte sa flèche en rigolant sous cape.
Penser entre les mondes. Je voudrais parler de l'étrangeté du réel comme à l'émigrant on raconte sa terre natale, le soir, autour de la table commune.
la douleur garde-toi d'en guérir on ne guérit pas d'être on ne saute pas par dessus soi la douleur juste lui trouver, exacte, une place - et de là regarder
Depuis Auschwitz, la question centrale devrait être : que faut-il ajouter à la culture pour qu'elle devienne conscience ?
Bon, ça y est. 250 feuillets de route d'un côté. Presque autant pour ma remontée d'Amazone avec les esprits de la grande forêt pluviale. Deux bouquins de plus dans le fatras. Brûler ? Publier ? Avant de continuer, atteindre ce lieu de l'esprit où brûler...
La plupart des rapports de force sociaux dont nous croyons encore avoir à débattre démocratiquement sont de fait toujours-déjà résolus dans la complexité des processus techniques qui nous entourent.
Quand l'écriture efface l'intention qui lui a donné son élan premier, là est le livre.
Le jour où la faim disparaîtra, la politique cessera elle aussi d'exister. L'ère de l'esprit pourra alors commencer.
La culture, c'est avant tout ce déplacement vers la culture, ce chemin qu'aucun clic du temps immédiat ne nous donnera jamais.
En finir avec le substantif. Ne dire à travers un mot que l'ensemble des relations auxquelles il engage, les rêves auxquels il invite, les ailleurs où il se dépossède silencieusement de lui-même à seule fin de mieux faire entendre sa liberté.
je me souviens qu'Alexandre Jardin sur France Inter, entrecoupé par les derniers flash spéciaux sur l'écroulement des tours de Manhattan, un certain 11 septembre, continuait imperturbalement à faire le rigolo et à vendre sa salade.
Tout est nuit, tout fait lampe. Copyright Gérard Larnac - 16 mars 2011.
Pour peu qu'on y prête attention, la délocalisation de l'individu hors de lui-même est actuellement le thème littéraire majeur.
Chateaubriand, Apollinaire, Lautréamont : les pères foudroyants. Valéry, Gide, Breton : les patrons. Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Bob Dylan, Kenneth White : les amis.
Nous qui vivons sans l'illusion connaissons plus fortes étreintes.
"Lorsque les chocs économiques entraînèrent une augmentation vertigineuse des prix et une diminution des salaires, les rues du Chili, de l'Argentine et de l'Uruguay restèrent calmes et désertes". Naomi Klein
Nous aurons atteint un certain état de civilisation lorsque le juif prendra fait et cause pour l'arabe et l'arabe le juif. D'ici là ? Allez vous faire foutre.
Les mots sont comme ces vols d'oiseaux qui signalent au navigateur l'approche d'une terre ferme ; ils ne sont pas la terre. Est-ce îlet ou continent, de cela ils ne disent rien.
"Il n'y a d'intéressants que les romans non attendus, parce qu'ils se mettent en travers de l'époque comme des bâtons dans les roues". Philippe Muray, Désaccord parfait (Tel-Gallimard, 2000).
La culture reviendra lorsqu'on saura à nouveau dire des choses comme : "Je préfère m'emmerder avec Godard que ricaner avec Franck Dubosc".
Allons allons ; pourquoi tant de haine ? Les riches ? Ils crèveront bientôt. De solitude.
Il ne s'est jamais agi pour moi de publier des livres. Mais de publier une certaine sorte de livres.
La terre tremble ; Poésie tient. (Le Festival "Etonnants Voyageurs" se tiendra du 1er au 4 février en Haïti avec entre autres Michel Le Bris, Lyonel Trouillot, Dany Laferrière, JMG Le Clezio...)