Les mots ne périssent que de trouver un sens. Je n'aime les signes qu'à l'exacte mesure de leur hésitation.
Vieillir ce n'est peut-être rien d'autre que transformer ses espoirs en doute sans être capable d'en mourir sur le champ.
Le froid ne contredit pas le chaud : il le rend possible. De même la fureur nous apprend l'attente de la paix. Il n'est pas de lucidité plus souveraine que celle que la tempête a touchée.
Destination : je ne connais pas de mot plus inutile, forgé à coup sûr dans la langue empesée des immobiles.
Ecrire. Ecrire parce qu'on n'a pas d'autre mémoire que la mémoire immédiate des choses en cours. Ecrire pour que, entre le monde et soi, l'écluse des mots nous remette à niveau et qu'ainsi l'expérience, jamais, ne soit interrompue.
L’univers, paraît-il, est composé à 22% par la matière sombre, à 74% par l’énergie du vide, à 4% par la matière visible. Dire le monde n’est donc pas dire seulement ce qui est immédiatement sous nos yeux. C’est se faufiler dans l’intuition de ces houles...
12 novembre 2004, New Delhi : " Le monde peut suffire à l'homme, mais pas à son avidité ". Un panneau gouvernemental devant le Sheraton.
Dans l'expression "toute nue" ce n'est pas "nue" qui compte mais "toute" ; cette infinie littéralité de soi.
Ta vie toute entière est comme ces pièces de monnaies que les enfants posent sur les rails afin que les trains en passant leur donnent des formes bizarres, les sortent d’elles-mêmes, les écartent définitivement de toute origine connaissable
Lu cette phrase de Glenn Gould : " L’objet de l’art n’est pas le déclenchement d’une sécrétion momentanée d’adrénaline, mais la construction, sur la durée, sur une vie entière, d’un état d’émerveillement et de sérénité ".
On écrit parfois pour retrouver la fluidité du monde. Lorsque la vie nous ramène à l'improviste auprès d'elle, plus besoin d'écrire. L'Art n'est un mot que dans le langue de ceux qui ne vivent pas naturellement de façon artistique.
Sur le boarding pass British Airways du 25 juillet 2012 pour le vol 285 de 11 heures 30 à destination de Frisco Porte B 45 cette mention : « World Traveller ». Le titre peut-être d’un prochain recueil.
Il y a les peuples qui savent encore s’asseoir par terre et ceux qui ont quitté le sol. Les seconds possèdent le pouvoir, les premiers ont le savoir profond des choses.
Un artiste raté n'est qu'un artiste qui n'a pas le sens des affaires.
Comme toi émigré en ce monde, mais pas en quête d'une identité radicale pour soigner ma nostalgie. Moi ma nostalgie c'est celle d'un pays qui n'existe pas encore. Et dans ce pays-là la seule question que l'on te pose c'est "que puis-je faire pour toi...
La parole est un piège, le réel de toute part la déborde. Le mot est prison de la chose. Poète celui qui rend à la parole sa part de lucidité exfiltrante.
Petit exercice : imaginer ce que donneraient des Sciences et des Arts qui ne devraient leur développement ni aux militaires, ni aux religieux, ni aux marchands. Tenter l'écart.
Surmonter la littérature moderne sans rien en renier (Joyce, Musil, Proust, Faulkner), dépasser la phénoménologie et le solipsisme en philosophie, en finir une fois pour toute avec l'ethnocentrisme en politique. Voilà l'urgence.
Rien d'autre. La joie. Sans mélange. Il n'y a pas d'homme providentiel. Mais il existe un pays assez libre pour passer du putch bushiste au vote Obama.
Dans l’autofiction, ce n’est pas l’écriture de soi qui est contestable, mais l’insignifiance des “soi” qui en font aujourd’hui usage.
C'est peut-être de ses impossibles, des altérités, des interdits ou tout du moins des obstacles qu'on lui oppose sans trêve que l'homme éveillé tire son origine véritable.
« Tao ko tao feng chang tao. » Le dire véritablement dire est autre que le dire exprimé. « Ming ko ming feng chang ming. » Le mot que l’on peut prononcer n’est pas le mot véritable. Lao tseu
Un discours ne vaut peut-être seulement que par la qualité de silence que son absence brutale fait surgir.
Plutôt que de te jeter sous le train, deviens celui qui le conduit. (dicton Ratp)
Depuis quelques temps, lorsque j'entends les nouvelles de mon pays, j'ai l'impression de voir passer les autobus du Vel d'Hiv.