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2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 11:46

epreuve.jpgReçu ce matin le paquet lourd des épreuves de mon prochain bouquin. Curieux processus qui conduit d’une idée vague, de notes brutes parfois inscrites au revers de tickets de métro,  de discussions en fumant tard la nuit dans une cuisine, de brouillons divers, ronds de café, ronds de whisky, sédimentation après sédimentation, rage après rage, au texte imprimé – au livre.

Ce moment d’entre-deux où ce n’est plus un manuscrit, pas un livre encore : la relecture des épreuves. Pour mes premières publications, une joie sans mélange. Le truc va se faire, ça y est, on va atterrir sur l’étal des libraires, puteborgne, faites place ! En fait je dis ça mais non, mon premier essai, une commande, avait un sujet trop grave, j’avais passé la consigne de ne surtout pas me décrocher d’interview, cette impression d’avoir écrit ce que j’avais à dire, que ma parole ne serait pas digne, écrivant pour moi seul sept ou huit courtes narrations sur l’expérience concentrationnaire pour me sortir de là.

Plus que la joie bonasse de « paraître » qu’on imagine parfois, la responsabilité. Est-ce que ça tient vraiment. Est-ce que tout ça fait avancer. Et en fond la question : y a-t-il vraiment un lecteur pour ça ? Les épreuves ? Moins qu’une preuve, plus qu’une épreuve !

Quand on n’a pas pour ambition de « se découvrir soi même », de « s’auto analyser », on écrit, mais à l’écart, dans un désert. On ne sert pas de modèle. Tout le monde s’en fout. On ne propose pas de solution. Quoi que. En optant pour le thème de la perception, par le regard, d’un moment de vérité possible, je n’ai fait que tenter de rapprocher la pensée et la vie. Mais même ça paraît une idée incurablement vingtième siècle. Il faudrait, je ne sais pas, s’en foutre aussi, tiens !

Gérard Simon, abondamment présent tout au long de mon travail : « Stimulant », « une invite à poursuivre », m’a écrit le vieil érudit dans un mail, rapide, inquiet peut-être devant la version d’étape de cet étron de près de 400 pages ! Peut-être au fond écrit-on pour deux ou trois personnes qui ne liront pas forcément tout mais sauront s’imprégner du geste, de l’élan derrière la tentative toujours tellement imparfaite.

Bon. Au boulot.
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