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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 09:59

OK. L'éclatement postmoderne a eu lieu. Nous recomposons, avec des bribes, des fragments, le discours d'un sens possible. Un sens ouvert, toujours en cours, disponible à ce vaste détours que lui apporte le divers, l’inattendu. L’autre n’est pas ce qui me nie, mais ce qui me prolonge.

Temps sans doute de substituer à l'universalisme des Lumières un singularisme solidaire et bienveillant. Plus de dogmes : des incertitudes fécondes. Une compétence à l’hybridation, à la créolisation. Ne plus faire point, disait Deleuze : faire lignes. Rhizomes.

Il y a dans l'idée même d'universalité ce que disait D.H Lawrence : "Cet amour sans limite est comme la puanteur d'une chose gâtée en son centre".

Ne plus partir d'un principe général, y aboutir par ce chemin incertain qui passe par une chose puis une chose puis une chose. Le tout n’étant pas la somme jamais ronde des parties. Ne pas dire trop tôt ce que c'est : parcourir le chemin. Il est temps de particulariser l'universel. Le rendre mieux apte à la singularité, à l'altérité, à la diversité, à la rencontre - au mouvement.

Vers un universalisme nomade. Une synthèse buissonnière.

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24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 13:49

J’aime la fragilité parfaite des passerelles premières. L’idée, par exemple, d’une littérature monde. La littérature monde, ce n’est que le nom béquille et transitoire pour « littérature » tout court. Nom rendu imprononçable par l’industrie du roman jetable, par l’arrogance des coteries et la constante distraction du public. Tout ce débat sur la francophonie… Comme s’il y allait de la défense d’un terroir, d’un empire évanescent. Je me fous de savoir si c'est en français ou pas. La langue est une gêne. Sortir du langage par le langage : travail de poète. Il faut aller plus loin encore, plus loin vers le grand large.

 

La défense du roman de corsaire ne m’intéresse a priori pas. Je me fous de la défense de l’économie du livre, mais non de celle de la littérature. Et de la francophonie, donc ! N’y a-t-il pas, dans ce déplacement des problématiques (littérature de voyage,puis renouveau des lettres françaises par une littérature monde héritée du travel-writing, puis francophonie), un risque de dilution de la proposition initiale : dans la "littérature de voyage", il s’agit de faire mouvement vers la littérature tout court. « Il faut désormais considérer le français, non plus comme l’expression d’un lieu historique, mais comme une langue sans frontières libérée du pacte exclusif qui la liait à la nation »(Michel Le Bris). La langue du monde c’est la traduction. Ce qui reste de partageable lorsque la langue nationale a retiré son emprise. 


Qu’on écrive de Dakar, de Bamako, de Fort-de-France ou de Paris (ou de Maubeuge : ça c'est pour l'ami Orlando). Ce serait, précisément, oublier la francophonie - au sens où les cultures véritablement artistes ont oublié de forger le mot "art".

 

Ni gourou ni chapelle ; cette traversée silencieuse de la frontière. J’écris pour me déprendre. Pas pour construire un socle : pour filer avec le vent du monde. Pour que se poursuive le voyage. Pour que mon œil reste clair et mon geste accueillant. Que le texte qui vient soit éruptif, bigarré, paradoxal. Qu’il mêle allègrement le fragment au récit, la poésie à l’essai, le conte au théâtre. Que la démonstration qui s’est voulue savante s’achève sur une blague de potache. Entre slam urbain et koan zen, que ça zigzague. Que ça ne se tienne pas sagement au garde à vous comme on attend son tour devant les pissotières. Que ça ne trouve place dans aucune catégorie. De l’hirsute ! Du buissonnant ! Une avant-garde faite de mots nouveaux, de sons barbares et d'immémoriale sollicitude. Un nouvel horizon.


Je suis comme l’antique peuple Juif. Mon origine c’est mon discours. Je ne suis d’aucun village, d’aucune lignée. Mon pays natal c’est ma langue. Mon pays, c’est l’histoire de cette hybridation sans fin, de cette infinie créolisation qui, pas à pas, de rencontre en rencontre, réinvente chaque fois mon langage singulier.  Y déployer, peut-être, une littérature ; comme on tient table ouverte.

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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 15:24

L’univers, paraît-il, est composé à 22% par la matière sombre, à 74% par l’énergie du vide, à 4% par la matière visible. Dire le monde n’est donc pas dire seulement ce qui est immédiatement sous nos yeux. C’est se faufiler dans l’intuition de ces houles invisibles. C’est traduire le vent.

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 23:53

Ecrire. Ecrire parce qu'on n'a pas d'autre mémoire que la mémoire immédiate des choses en cours. Ecrire pour que, entre le monde et soi, l'écluse des mots nous remette à niveau et qu'ainsi l'expérience, jamais, ne soit interrompue.

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18 mai 2007 5 18 /05 /mai /2007 14:44

"En tranchant le lien qui depuis des siècles l'attachait à la page, la littérature en mouvement soumet l'oeuvre au temps de sa consommation, elle se "produit" dans un espace-temps qui n'est plus celui  de la lecture mais celui du spectacle". (Jean Clément, in Un Laboratoire de littératures, littérature numérique et internet).

Il y a, dans cette citation parue dans le Libé de ce jour, quelques uns des fondamentaux propres à renouveler de fond en comble l'art du roman. Ce voyage vers une anonymisation de la parole (contre les complaisances d'un créateur omnipotent) ; ce "work in progress"; ce sens de l'éphémère ; cette pulsion nouvelle qui bat au coeur du cinétique et transforme un récit en spectacle...

L'ère Web20 - c'est-à-dire l'internet participatif - ouvre de nouveaux champs à la narration. Des "récits variables". Naissance du nouvel Ouvroir de Littérature Potentielle.

Le livre imprimé est le support de la Loi. De l'ordre. De l'univocité des dogmes et des croyances. Le texte évolutif, participatif et partageable nous entraîne vers un monde plus ouvert. 

Un site : http://www.3espaces.com
 

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 15:27

Enlève le verbe être à la langue. Ne dit pas la substance. Indique la relation. Le mouvement. L'aventure de l'approche. Annonce la rencontre. Vire-moi ce verbe être. Il réclame son socle, son dieu, sa part de certitude. La sécurité d'une identité strictement définie, une fois pour toute, et à tous opposable. Ta conscience, multiplie la à cette répudiation.  

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 10:13

Et si tout bonnement la mission du poète, aujourd'hui, consistait à se taire ?
Et si la main qui écrit ne valait pas l'intense de cet oeil ?
Attendre, simplement attendre que le silence inquiétant de l'oeuvre absente interloque.
 

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 08:54

Personne n'est obligé d'écrire. Ecrire, activité chiante. Ecrire, simplement, pour se donner le droit de lire davantage et autrement. Où est-on mieux que devant une page blanche ? Partout ailleurs !

Publier ? C'est compiler les malentendus. Plus quelques belles rencontres.

Publier, ça évite d’égarer un manuscrit.

Patience, infinie patience des éditeurs, orpailleurs solitaires, noyés sous le tombereau. Pourquoi donc ajouter à l’avalanche ?

Publier, pour se donner le droit d'écrire encore.

Ecrire, activité chiante.

C'est lorsqu'elle ne t'est plus nécessaire. C'est lorsque tu en es enfin détaché. C'est lorsque tu vis vraiment cette écriture qui te traverse et qui n'est pas toi : ni souvenir, ni épanchements, ni auto-analyse. Mais ouverture. Sortie.

A ce moment là. Dans l’allonge du vent vif.

Plus besoin d'écrire.

Ca y est.

Tu es écrivain.

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