Comment conjoindre la multiplicité proliférante des singularités autrement qu'au travers d'un récit, d'un Grand Récit, comme dit Michel Serres ?
L'universel est devenu une forme narrative, dans sa vérité et dans ses doutes, tissée et métissée de divers, bien plus que le grand principe transcendant de l'Un qu'il était
naguère.
Une terre sans peuple mais ça n'existe pas ou alors il y faut l'aveuglement du colon pour qui Autre
signifie invisible, toujours
pour qui Autre signifie "pas un homme", toujours
Une terre sans peuple mais ça n'existe pas alors il faut faire comme si
Une terre sans autre est une terre maudite
Un sol n'est fertile vraiment
que dans la main qui organise
le partage de ses fruits
Une terre sans peuple mais ça n'existe pas
La dernière fois que l'on a nié à l'homme le simple droit d'être né
C'était qui, c'était quand
La terre n'est pas un dû
Nul titre de propriété
Vous bâtissez des murs
Ce sont des barrages que vous construisez
pour ne plus entendre
votre coeur qui bat
Je suis l'Autre de ses souffrances
J'ai souci de lui plus que de moi-même
Je sais la terre des camps mêlée de cendre humaine
Une terre sans peuple mais ça n'existe pas alors il faut faire comme si
Il n'y a qu'une terre
qu'un sol
c'est ceux que l'on partage
Dans une démocratie chaque individu en vaut un autre. Le sujet ne se sort de cette indistinction que par l'hystérie identitaire et par l'élitisme. Culte du happy few. Il s'agit de se désolidariser de la foule pour être soi. Pourtant la démocratie, c'est aussi la possibilité du fruit sauvage, celui qui pousse de lui-même là où personne ne l'attendait.
Les Cassandres, c'est comme les Grenelles... A force d'être mises à toutes les sauces par la subculture journalistique (dont je suis, histoire d'en rire), on en oublierait presque que très loin de la pleureuse à laquelle on la résume immanquablement, Cassandre avait très strictement raison ; la ville de Troie est bien tombée.
Ecriture, drogue dure. Sur le chemin retour, après hallucinations vertiges et chaos, humiliations misères et solitudes, boire la première eau, humer la première pluie. Se lever, dire "j'y suis!". Jeter les notes embroussaillées. Sentir le vent. Descendre vers la vallée pour retrouver la part humaine.