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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 14:18

Avant même le point sur mes ventes que je ne ferai pas (ce n'est définitivement pas mon genre, j'ai pour habitude de laisser mes éditeurs travailler en paix), le Salon du Livre 2009 qui ferme ses portes ce soir restera dans les annales. Comment, dans cette crise dont on nous rebat les oreilles, quelque 50 000 visiteurs de plus que l'an passé se sont-ils rués comme un seul homme Porte de Versailles, impulsant une augmentation très significative des ventes sur les stands ? La "crise", parlons-en ; l'esprit, décidément, voit plus loin. Le livre résiste. Mais au fond, n'est-ce pas là sa fonction première ? Sa santé est insolente, comparée au marché des autres biens culturels, CD et DVD par exemple. Il suit plutôt la courbe de succès du cinéma en salle, des musées et grandes expo, des concerts. Le Web ? Il n'y a que les ganaches à prétention pseudo modernes pour y croire : on ne lit pas sur écran (le temps de lecture est 25% plus long), on s'informe. Passez donc le message à Léo Scheer et à François Bon. 40% de téléchargements payants pour les films et la musique : 6% pour le livre. Mieux encore : alors que la musique est devenu un marché conformiste (les 100 meilleures ventes font 50% de son chiffre global, merci le web et la radio pour le mattraquage), les 20 livres les plus vendus ne représentent pas 5% du marché. Traduction : le libraire fait l'essentiel de son business sur des livres vendus à 5 exemplaires par an. Ce qui confirme que c'est bien la diversité de l'offre qui fait le marché. Comme en démocratie, l'équilibre est garanti par la pluralité. Quelle excellente nouvelle que voilà ! Autre particularisme : le prix unique, en sauvant la librairie indépendante, a permis du même coup de sauver cette diversité de l'offre éditoriale. Le rôle du libraire ainsi préservé permet au produit "livre" de bénéficier d'une valorisation jamais démentie en tant que bien culturel : il n'y a pas eu banalisation. Le livre demeure un événement chaque fois renouvelé. La multiplication des salons locaux est également un facteur primordial pour les équilibres économiques de la "petite édition", qui y réalise 30 à 40% de son chiffre d'affaires annuel. Enfin, si l'on peut dire, côté lecteur, l'accessibilité du produit "livre" est garanti par un prix moyen de l'ordre de 11 euros (malgré l'américanisation des couvertures en relief dorées à l'or fin). Les livres pratiques chutent, les sciences humaines vont mal ; mais la littérature se maintient en augmentation légère (1%). Plus intéressant : si 50% des lecteurs recherchent le divertissement, 49% lisent dans une démarche de quête et d'interrogation. Tout ça, décidément, ne va pas si mal.      

Web TV au Salon du Livre :
http://www.web-tv-culture.com/le-salon-du-livre-de-paris-2009-101.html?xtor=EPR-313

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 10:06

Démocratie, maintenant ! La démocratie n'est pas ce jeu de marionnettes proposé au brave peuple par des gens très sérieux qui en plus des ficelles en tirent surtout de forts juteux bénéfices depuis des générations. La démocratie ce n'est pas voter Chirac avec un pistolet sur la tempe avec un Le Pen au second tour. La démocratie ce n'est pas avoir le choix entre les deux faces d'un même vide, comme aux dernières présidentielles. Moins encore accepter l'Etat en supplétif du Marché. Ne confondrait-on pas démocratie et usurpation ? La première ne serait-elle pas devenue la force vitale de la seconde ? Une vision d'avenir ce matin : que pour le bonheur de tous le comte N.Sarkozy de Nagy-Bocsa retombe dans l'oubli.

A ne pas manquer :
http://sarkostique.over-blog.com/


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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 20:54
La langue sans cesse proliférée contre le souffle de l'esprit.
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 15:07

Mais où sont passés les lecteurs ? D'après le récent sondage TNS-Sofres,  ils ne sont plus que 9% à dévorer au moins un livre par mois. Surtout les femmes, les salariés du service public et retraités, et les électeurs... du Modem et de l'UMP ! Au PS et chez les Verts, manifestement, ça lit peu. Alors quoi ? Le bling-bling serait-il finalement passé à gauche ? 30% des Français ne lisent plus aucun livre. 64% en lisent moins de 5 par an. Tout ça ne correspond pas trop avec le boom des bibliothèques, mais bon. Pourquoi lit-on un livre ? A 31% sur les conseils d'un proche ; 6% sur les conseils du libraire ; 1% suite à un Prix littéraire. L'année 2008 le marché a plutôt bien résisté. La littérature progresse d'1%, tiré par des locomotives comme Stieg Larsson, Anna Gavalda, Marc Lévy, Fred Vargas, Muriel Barbery. Quant à la rentrée de janvier-février, les résultats ne seraient pas fameux en l'absence de grands noms. Si la littérature revenait à ses fondamentaux, si les professionnels manifestaient moins de morgue et plus d'ouverture d'esprit, nous n'en serions peut-être pas là. Mes lectures du moment : Peter Matthiessen, Kenneth White, Edouard Glissant, Olivier Rolin.

Mon éditeur au Salon du Livre : Editions de l'Aube, stand T 55. J'y passerai sans doute samedi vers 16H et prendrai plaisir à vous y rencontrer.  



Plus de chiffres sur la lecture :
http://www.centrenationaldulivre.fr/?Chiffres-cles-du-livre

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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 21:51
A découvrir dans son intégralité, un texte-image, météore, objet de confins, projet de beau livre étrange.
C'est ici :


http://www.exatypo.com/projet/routes_paradoxales.htm
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 11:38

Dans mes années de route (le manuscrit est désormais terminé, plus ou moins prêt pour une publication) j’ai peu frayé avec les Occidentaux en goguette. J’avais toujours conservé cependant le souvenir de ce jeune gars à vélo qui s’apprêtait, comme moi, à descendre la rivière Kok, dans le nord de la Thaïlande, voici un brin de décennies. Après 5 années de route sur tous les continents et près de 100 000 kilomètres au compteur, Philippe écrit « Chacun sa route », le récit de son périple de l’Alaska à la Terre de Feu.

 

Toujours difficile de lire l’ouvrage de quelqu’un qu’on estime. Pourtant, très vite, je comprends que ce n’est pas là le carnet de bord d’un routard (bien que ceux-ci ne soient jamais tout à fait banals). Il y a du Bouvier là-dedans. D’abord parce qu’il y a une écriture, franche, directe, teintée d’humour, d’autodérision (quand on est seul avec soi-même pendant des années, ça aide !) et de générosité (qualité qui, aujourd’hui, est certainement celle qui fait le plus défaut en littérature).  

 

Ainsi Philippe Jacq ne se voit pas en aventurier ni en sportif, ce qu’il est aussi, mais en « homme en quête de clarté ». L’aventure n’est complète que si le voyage devient aussi un voyage intérieur. Même si vous feignez de l’ignorer au départ, cinq ans de route finissent par vous l’apprendre.

 

Sortant de soi pour se livrer à ces voix essentielles de l’impersonnel – à ce qui nous dépasse, non pas dans une manière de « challenge » mais de participation pleine et entière. Un éveillé derrière son guidon, tel est Philippe Jacq : «  Que le camping soi sauvage ou non, j’ai pris l’habitude, une fois la tente pliée, de relever l’herbe du pied pour remettre les brins à peu près dans leur position d’origine. C’est un automatisme. Celui de remercier la parcelle de terre, la cabane abandonnée, la plage déserte, en est un autre. Je formule des paroles de remerciements pour chacun des heureux événements de ma vie… Ce sont mes prières ».

 

Il l’écrit à plusieurs reprises : entrer dans la structure vibrante des choses, voilà l’objet secret de ce voyage. Bien sûr, la découverte. Des autres, de soi ; mais pas seulement. Il y a autre chose. « Pour vivre l’UN, il faut soi même s’inclure dans sa vibration unificatrice ».  Le vrai voyageur n’avance pas ; il s’efface. Il devient pleinement ce qu’il voit, le milieu de son errance et cet univers qui participe de toute part à cet instant, cet instant sur la route.

 

Au fil des paysages Philippe Jacq découvre en lui des vérités dignes de William Blake : « Pour trouver la lumière je sais à présent qu’il faut aller à l’opposé ». Les apprendre dans les livres c’est bien, mais voir de telles vérités surgir en soi par pente naturelle, par nécessité et évidence, c’est autre chose ; elles transforment la vie, composent un livre qu’on ne referme pas.

 

« Où que vous soyez, c’est là qu’il faut commencer le voyage » (Mâ Ananda Moyî), rappelle ce voyageur visionnaire et hors norme. A vous de jouer.

  

Philippe Jacq, Chacun sa route (Bio éditions) 

 

Site de Philippe Jacq :  http://www.chacunsaroute.com/www.chacunsaroute.com/Accueil.html  

Livres, DVD, Conférences.

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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 14:51

D'année en année le Salon du Livre de Paris (qui débute le 13 mars prochain) s'est réduit à une grande surface à l'usage de petits lecteurs de feuilleton. Je me souviens de ma rencontre avec Jean Edern-Hallier, et tous les gens autours qui murmuraient : "Ouais, chouette, il est comme à la télé". C'est quoi, un écrivain, quand il est "comme à la télé"?

Même les émissions littéraires puent la grande surface : La "Grande" Librairie, ovni anti-artistique du si sympâthique Busnel aux si sympâtiques questions mongoloïdes (comme si écrire n'existait pas) : on y invite les diva "tête de gondole" comme à la pire période Pivot. Mais on ne peut lui en tenir rigueur : il n'est que le pur produit d'un processus à l'oeuvre depuis longtemps.  Le Centre national des Lettres s'appelle désormais Centre national des Livres. Ca fait belle lurette que nous sommes passés de la défense de l'Art à celle de l'industrie.

Le salon du Livre ? Il enrichit d'abord des vendeurs de mètres carrés. Un salon, c'est le bizness. Les auteurs ? Quand il ne s'appelle ni Anna Gavalda, ni Marc Lévy, ni François Bégaudeau... un écrivain n'a pas de fonction sociale, n'enrichit personne, et donc ne sert à rien. 

Ceci dit, pas un drame. C'est lorsque cela ne sert plus à rien d'écrire qu'advient le livre. Le vrai. Ni tête de gondole ni "grande librairie" ni Fnac de la Porte de Versailles. Juste une oeuvre qui vient.  

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 10:27

Hanté par cette photo. Véritable événement de l'année passée, elle a été prise en mai 2008, par un hélico de la Fondation nationale de l'Indien au Brésil, afin de "montrer qu'ils sont là". Ils seraient ainsi 70 groupes non encore "contactés", à l'écart, dont la présence est le plus souvent niée pour permettre l'exploitation forestière illégale. Celle-ci met leur vie en péril ; donc "ils ne sont pas là". 
Lecture associée : "En liberté dans les champs du seigneur", le chef d'oeuvre de Peter Matthiessen qui vient de reparaître chez L'Imaginaire-Gallimard. Savoir respecter cet écart tout en apprenant de lui.

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 11:23

Invité l’autre soir à participer à la conférence-débat autour de l’œuvre de l’unique et nécessaire J.F Rocking Yaset, à l’occasion du vernissage de la très belle expo que lui consacre l’IUT de Caen (Campus III, Ifs). Précurseur de la Free Press à la française, pape de l’underground, Jean-François Yaset est un éternel jeune homme dont les frasques étonnent, détonnent, amusent ou consternent depuis 1967. Un an avant le joli mai de l’esprit, Yaset fonde « Quetton » (« âne », en normand dans le texte), revue « tapée à la machine » mais surtout sacrément frappée, bordel savamment provoc et foutraque où se mêlent interventions dadaïstes, délires gaiement éthyliques, imprécations à la Artaud, gueuloir politique ; ça bouffe du curé, du flic, du notable, du politicard, que c’en est un vrai bonheur. Devant ce pavé-là les bienséants en restent sur le cul. Yaset serait sans doute anar si les anars avaient lu Jarry et pratiquaient l’humour. L’humour ? C’est là chose sérieuse. Yaset s’y emploie, à plein temps. Mozart de la dérision, poète pataphysique (son travail lui vaut le Prix Saussure, soit son poids en plans de la ville de Romorantin), organisateur d’happenings improbables (un opéra de chats sur la place Saint-Michel qui finit bien entendu au ballon), fondateur de groupes de rock dont la seule vocation consiste à ne jamais jouer mais à se faire photographier dans des poses de stars, il fait venir Gene Vincent à Saint-Lô, fréquente les Kinks, les Pretty Things, les Animals (et même la belle Marianne Faithfull), rencontre Dali et Dylan, est adoubé par Raymond Queneau et Philippe Soupault (sa trilogie d’écriture sous contrainte est une perle, Visite au Musée de Chuprélo notamment me ravit encore, vingt ans après l’avoir découvert !), collabore avec les ancêtres allemands du rock progressif, avec Hara Kiri et Fluide Glacial, fait passer un vigoureux courant de franche déconnade dans l’art sous ses formes multiples : poésie, sculpture, peinture, BD, performance… Provocateur par pente naturelle et non par pose ni affectation ni stratégie, c’est un autodidacte, sorte de farceur Cheval rock’n roll et rebelle. Libre de tout, il ne recherche aucune forme de reconnaissance. Il a l’éternité devant lui.

 

Voilà, c’est tout ça, Yaset, et même ce petit plus qui en fait un ami. Pour sa conf à Caen il me voulait à ses côtés ; grand plaisir de monter avec lui sur l’estrade devant un public assez fourni d’étudiants. Salle comble pour l’underground. Curieux, la vie. Notre seule et unique rencontre remonte au début des années 80 et nous ne nous étions jamais revus. Comme quoi l’estime et l’amitié ne se mesurent pas aux « zapéro pour samdi soir », aux « fallait pas » « mais si mais non » des simagrées civilisées. Nous sommes deux barbares. Nous assumons. « Side man » de Rocking Yaset, eh bien ce fut un vrai grand moment comme je les aime. Des jeunes gens avec des yeux comme des soucoupes, un peu secoués quand même devant la lecture-performance du bonhomme, mais avides de comprendre cet artiste qu’une société édulcorée, pré-formatée, a rendu passablement inaudible. Passer le mur de l’incrédulité, quelle aventure !

 

Dans mon intervention j’ai juste resitué la free-press dans un contexte large, en rappelant notamment que l’invention du journal par Théophraste Renaudot (La Gazette) n’avait d’autre objet que de « vendre » au peuple la nouvelle guerre de Richelieu et de faire taire les petites feuilles contestataires qui la dénonçaient. Une phrase qui a bien plu, lâchée par inadvertance comme une hache trop lourde : « Si la presse était libre, il n’y aurait pas de Free Press ». Le journalisme du main stream, depuis son origine, ne prend la parole que pour en confisquer d’autres (C’est d’ailleurs l’objet de mon livre La Police de la Pensée).

 

Il m’a semblé qu’à travers l’exposition autour du travail polymorphe de Jean-François Yaset, c’est à l’authenticité de l’art, à son urgence que l’on rendait hommage. A la fonction fondatrice, novatrice, sociale, existentielle, salvatrice de l’art. Un hommage à quelque chose qui n’a pas disparu, mais qui veille, mais qui vient. Yaset n’est ni un monument historique ni une curiosité ; mais le premier d’une espèce à venir. Formule ? Que non ! Aujourd’hui nos centres ont explosé : la ville (11 septembre), le système (crise financière, sociale et civilisationnelle), etc. A cette explosion des centres répond le retour des marges. De nouvelles relations se nouent en réseau, de lisère à lisière. L’avenir ne se joue plus au centre, mais dans les marges, les périphéries. Et grâce à des artistes comme Yaset, croyez-moi, nos marges, elles sont solides !   

 


Exposition de J.F. Rocking Yaset

Du 23 février au 13 mars 2009

IUT de Caen – rue Anton Tchekhov, Campus III 14123 Ifs.

Entrée libre
sortie aussi
 

 

 

Yaset sur la Toile :

 

http://www.myspace.com/rockingyaset

 

http://quetton.over-blog.com
 

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 13:58

"Il y a deux manières de se perdre : par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans l’ « universel »."

                                                                                                                             Aimé Césaire

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