Avant même le point sur mes ventes que je ne ferai pas (ce n'est définitivement pas mon genre, j'ai pour
habitude de laisser mes éditeurs travailler en paix), le Salon du Livre 2009 qui ferme ses portes ce soir restera dans les annales. Comment, dans cette crise dont on nous rebat les oreilles,
quelque 50 000 visiteurs de plus que l'an passé se sont-ils rués comme un seul homme Porte de Versailles, impulsant une augmentation très significative des ventes sur les
stands ? La "crise", parlons-en ; l'esprit, décidément, voit plus loin. Le livre résiste. Mais au fond, n'est-ce pas là sa fonction première ? Sa santé est insolente, comparée au marché des
autres biens culturels, CD et DVD par exemple. Il suit plutôt la courbe de succès du cinéma en salle, des musées et grandes expo, des concerts. Le Web ? Il n'y a que les ganaches à
prétention pseudo modernes pour y croire : on ne lit pas sur écran (le temps de lecture est 25% plus long), on s'informe. Passez donc le message à Léo Scheer et à François Bon. 40% de
téléchargements payants pour les films et la musique : 6% pour le livre. Mieux encore : alors que la musique est devenu un marché conformiste (les 100 meilleures ventes font 50% de
son chiffre global, merci le web et la radio pour le mattraquage), les 20 livres les plus vendus ne représentent pas 5% du marché. Traduction : le libraire fait l'essentiel de son
business sur des livres vendus à 5 exemplaires par an. Ce qui confirme que c'est bien la diversité de l'offre qui fait le marché. Comme en démocratie, l'équilibre est garanti par la
pluralité. Quelle excellente nouvelle que voilà ! Autre particularisme : le prix unique, en sauvant la librairie indépendante, a permis du même coup de sauver cette diversité de l'offre
éditoriale. Le rôle du libraire ainsi préservé permet au produit "livre" de bénéficier d'une valorisation jamais démentie en tant que bien culturel : il n'y a pas eu banalisation. Le livre
demeure un événement chaque fois renouvelé. La multiplication des salons locaux est également un facteur primordial pour les équilibres économiques de la "petite édition", qui y réalise 30 à
40% de son chiffre d'affaires annuel. Enfin, si l'on peut dire, côté lecteur, l'accessibilité du produit "livre" est garanti par un prix moyen de l'ordre de 11 euros (malgré
l'américanisation des couvertures en relief dorées à l'or fin). Les livres pratiques chutent, les sciences humaines vont mal ; mais la littérature se maintient en augmentation légère (1%).
Plus intéressant : si 50% des lecteurs recherchent le divertissement, 49% lisent dans une démarche de quête et d'interrogation. Tout ça, décidément, ne va pas si
mal.
Web TV au Salon du Livre :
http://www.web-tv-culture.com/le-salon-du-livre-de-paris-2009-101.html?xtor=EPR-313