Après avoir proposé le débat chez Léo Scheer (voir son blog dans les liens), y répondre. C'est pas tout ça. J'appelle littérature un certain travail sur la langue - qui se manifeste par un vif sentiment d'intraduisible. Car il est ce qui est tout au fond de la langue le plus originaire. Phrases venues du poème, du fragment, de l'aphorisme. Loin des plans, des habiletés et des "trouvailles". Luttant contre la mise en ordre du récit, l'étroitesse scénarisée-ritualisée des hommes. Passant à travers le néant occidental, traversant le vide oriental afin d'aborder des rivages inouïs. Pas une littérature de voyage : mais un voyage qui serait la littérature même. Inventer une langue ou se taire à jamais.
Pourquoi donc inventer une langue ? Pour reconsidérer nos vérités intangibles sous un angle inédit ; pour renouveler nos sensations ; pour aller au-devant d'une aurore qui danse.
Parce que nous écrivons ici et maintenant, en un temps où la poésie n'a plus droit de cité - la publicité en tient lieu. Lui offrir, en sa cavale, le gîte et le couvert. Faire entendre encore un espace poétique sous l'alibi du roman, ce bon cheval de Troie. Bien le moindre que l'on puisse faire pour elle.